Prisons : Fin du mouvement des surveillants, à quand les suivants ?13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : Fin du mouvement des surveillants, à quand les suivants ?

Deux syndicats de surveillants de prison, l'UFAP-UNSA et FO-Pénitentiaire, ont signé un accord lundi 11 mai avec la ministre de la Justice Rachida Dati, mettant ainsi fin au blocage progressif des prisons qui avait commencé le lundi 4 mai. Le syndicat

CGT-Pénitentiaire a refusé quant à lui de signer un accord dont il dit qu'il « enterre les espoirs ». Et quand on sait que cet accord prévoit la création de... 351 postes, dont la plupart pas avant 2010, on peut comprendre cette réaction.

Ce ne sont bien sûr pas ces 351 postes de plus qui vont rendre supportables les conditions de travail des 24 300 surveillants de prison ! Et ce n'est pas davantage la promesse de Rachida Dati de réexaminer l'application des « règles pénitentiaires européennes », censées s'appliquer dans tous les pays de l'Union, qui changera grand-chose dans les prisons.

C'est d'abord pour demander des embauches que les gardiens se sont mobilisés. Dès le lundi 4 mai, ils bloquaient la plupart des prisons et empêchaient les transferts de détenus vers une autre prison et vers les palais de justice pour une audience ou un interrogatoire. Le gouvernement choisissait la manière forte en envoyant immédiatement les CRS dégager sans ménagement les abords des prisons. Face à la détermination des gardiens, ils n'ont pas toujours eu le dessus. Les surveillants avaient d'ailleurs décidé, à la suite de ces interventions musclées des CRS, d'étendre le blocage aux visites des familles et des avocats.

La situation dans les prisons est insupportable pour les gardiens comme pour les détenus. Pour 24 300 surveillants il y a 63 351 détenus qui s'entassent dans des prisons qui ne disposent que de 52 535 places, d'après les chiffres de l'administration pénitentiaire elle-même. Alors, comment s'étonner que le taux de suicide des détenus - 52 depuis le début de l'année - soit le plus élevé d'Europe et que, sur la même période, dix gardiens aient choisi de mettre fin à leurs jours, ne supportant plus des conditions de travail exécrables ?

Pendant la semaine qu'a duré leur mouvement, on a pu entendre des témoignages de gardiens. Dans Le Monde l'un d'eux demandait « Comment gérer 100 détenus par étage ? ». Un autre racontait : « On ne peut passer que 45 secondes par détenu, les insultes, crachats, menaces deviennent quotidiens. » Un dernier parlait de surveillants devenant « de la chair à canon » face à des « petits délinquants » qui peuvent être dangereux.

Rachida Dati s'est félicitée de l'accord, et de ce qu'elle a appelé le sens de la responsabilité des syndicats. Juste avant son départ du ministère, elle a peut-être pu mettre un terme au blocage des prisons, en associant la manière forte à des concessions limitées, Mais elle laisse à son successeur une situation aussi explosive, fruit de la politique sécuritaire du gouvernement, dont le résultat est d'entasser des milliers de détenus dans des prisons bondées.

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