Le Vatican, autorité universitaire ?13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Vatican, autorité universitaire ?

Trois Pater et deux Ave, bravo, vous êtes diplômé !

Le décret d'application d'un accord conclu entre le Vatican et Kouchner, le ministre des Affaires étrangères, vient d'être publié.

Il autorise le Vatican à valider les diplômes pour les matières enseignées dans les cinq universités catholiques de France, y compris pour les matières dites « profanes », telles l'économie ou les mathématiques, qui n'ont rien à voir avec un quelconque enseignement religieux. Jusqu'à présent, seul l'enseignement public était en charge des examens et pouvait valider des diplômes.

Le prétexte à la signature de cet accord relève de l'hypocrisie à l'état pur. Le gouvernement français, en la personne de Kouchner, a pris prétexte du « processus de Bologne », signé par 46 pays, qui prévoit une équivalence entre les diplômes universitaires délivrés par chaque pays, ce qui permet à un étudiant de poursuivre ses études universitaires dans n'importe lequel de ces États. Or le Vatican, ce minuscule territoire enclavé dans la ville de Rome, n'est-il pas un État comme un autre ? Partant de ce postulat, le gouvernement français en déduit qu'il peut lui aussi être habilité à décerner des diplômes, y compris dans des universités situées à l'étranger, pour peu qu'elles soient catholiques.

Que Sarkozy et ses ministres (à commencer par des ex-socialistes) n'aient rien à refuser aux bigots réactionnaires, cela n'est pas surprenant. Mais cela ne s'arrête pas à une simple complaisance vis-à-vis du Vatican, et plus généralement des établissements d'enseignement privé qui, il est vrai, sont en grande majorité catholiques. C'est en fait le contrôle exclusif de l'État sur la qualité des diplômes délivrés dans l'enseignement supérieur que cet accord remet en cause. Il entrouvre une porte qui pourrait s'élargir à tous les établissements privés universitaires et, à ce titre, il doit être combattu. Autoriser les universités privées, c'est-à-dire payantes, à délivrer des diplômes augmenterait encore la ségrégation entre les enfants des classes défavorisées et ceux des couches aisées, qui auraient les moyens de fréquenter ces universités et d'y obtenir à bon compte des diplômes reconnus qui plus est dans toute l'Europe.

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