Burkina Faso : Grève chez Total et mécontentement général13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Burkina Faso : Grève chez Total et mécontentement général

La compagnie pétrolière française qui détient plus de 40 % de la distribution des hydrocarbures au Burkina est en panne sèche ! Près de cent salariés burkinabès du groupe sont en grève depuis le 23 avril dernier. Ils ont été rejoints pendant quelques jours par les gérants des stations. Les grévistes réclament une augmentation de salaires, de meilleures conditions de travail.

Pour réponse, le directeur français de Total-Burkina a déclaré la grève illégale (comme au bon vieux temps des colonies), décrété que les salariés avaient abandonné leur poste, et licencié leur leader syndical ! Et pour casser la grève, il a tenté de remplacer les grévistes par des agents venus de France et du Cameroun ou par d'autres ouvriers recrutés sur place via une société d'intérim... dirigée par un autre Français !

Dans un pays où la pauvreté est générale, le groupe Total considère que les travailleurs locaux sont quantité négligeable, qu'ils peuvent être taillables et corvéables à merci et remerciés quand bon lui semble. Le patron de Total-Burkina a multiplié les provocations, déclarant que les salariés étaient bien payés et qu'ils n'avaient aucune raison de se plaindre et a publié un salaire moyen fantaisiste. Pour les grévistes burkinabès, ce salaire-là était assurément calculé avec la paye... des expatriés français ! Enfin après avoir tout simplement licencié le délégué syndical, il a promis la dotation d'une bouteille de gaz mensuelle à chaque employé et quelques miettes salariales, alors que les grévistes réclamaient une prime exceptionnelle de trois mois de salaire. Autant dire que cela a provoqué la colère des grévistes et accru leur détermination d'un cran.

La grève des travailleurs de Total est significative d'un malaise ambiant qui règne dans le pays. L'an dernier, des émeutes de la faim avaient éclaté dans la capitale, Ouagadougou, et les grandes villes du pays comme Bobo Dioulasso. À l'époque, le gouvernement avait amorcé un recul, baissé les taxes à l'importation des produits de première nécessité, augmenté les salaires de 4 %, baissé le prix de l'essence de quelques centimes seulement. Ces mesures dérisoires n'ont eu, en fin de compte, aucun effet sur la population qui est quotidiennement confrontée à la vie chère. Aujourd'hui, un sac de riz coûte entre 17 500 et 23 000 francs CFA (environ 26 à 35 euros) soit l'équivalent d'un mois de salaire d'un employé dans un restaurant. Nombre de Burkinabès mangent une seule fois par jour. Bien que touchant un salaire, certains doivent multiplier les crédits, pour acheter une mobylette pour aller travailler ou simplement pour payer le loyer.

Au Burkina, le mécontentement s'étend à toutes les couches de la société. Une partie des paysans proteste car ils n'arrivent plus à vivre. Dix-sept syndicats dont la CGTB, la confédération générale du travail du Burkina, ont d'ailleurs décidé d'appeler à la grève générale contre la vie chère les 12 et 13 mai.

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