Actionnaires plus riches, travailleurs plus pauvres : Une tendance à inverser13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Actionnaires plus riches, travailleurs plus pauvres : Une tendance à inverser

Suite à la manifestation du 29 janvier, qui avait montré le profond mécontentement exprimé par la population, Sarkozy avait voulu remettre au goût du jour la vieille rengaine d'un prétendu partage des profits, en présentant une règle de trois à sa façon : un tiers pour les actionnaires, un tiers pour l'investissement, un tiers pour les salariés ! Et comme il est d'usage, il avait commandité des rapports destinés à préparer les discussions sur cette question.

Selon les conclusions de l'un d'eux, le partage des profits est en fait « marqué par la hausse des dividendes ». Quant à un autre rapport, présenté lui par l'Insee, il conclut que la part des dividendes dans le résultat des entreprises a plus que doublé de 1993 à 2007, passant de 7 à 16 %.

Ce n'est pas seulement les dividendes qui ont fait un bond, mais également la part des plus hautes rémunérations, celle des PDG et des cadres supérieurs. Alors que l'ensemble de la masse salariale a stagné voire régressé depuis la moitié des années 1980 (toujours aux dires de ces rapports), le nombre de ceux qui touchent plus de 10 000 euros par mois aurait nettement augmenté. C'est ce que les rédacteurs de l'Insee appellent « une forte accélération ces dix dernières années des très hauts salaires ». La palme revient aux hauts cadres du secteur bancaire qui, pour la seule année 2007, ont en moyenne bénéficié d'une augmentation de 7 %.

Tout cela n'est évidemment pas une découverte, et bien naïfs étaient ceux qui pouvaient se laisser prendre aux propos de Sarkozy qui disait vouloir « refonder notre modèle économique et social sur une éthique du travail et d'un partage des richesses produites plus juste et plus efficace ». La réalité dictée par le patronat est évidemment tout autre. Elle est contenue dans ces quelques mots de la dirigeante du Medef : « Seul l'actionnaire peut décider du montant des dividendes. C'est son droit, qui est attaché au droit de propriété. »

Derrière les marionnettes qui s'agitent sur le devant de la scène, il y a le vrai pouvoir ; il y a ceux qui tirent les ficelles pour mieux serrer les cordons de leurs bourses.

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