Surveillants de prison en lutte : Le mépris du gouvernement06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Surveillants de prison en lutte : Le mépris du gouvernement

Lundi 4 mai, les surveillants ont commencé un blocage des prisons, en s'opposant au transfert des détenus d'une prison à l'autre ou vers les palais de justice pour une audition ou une comparution. Les surveillants de prison n'ont pas le droit de faire grève et, face à eux, le gouvernement a choisi la manière forte.

Ainsi les CRS ont, par trois fois, délogé la centaine de surveillants bloquant Fleury-Mérogis, à coups de matraques et de grenades lacrymogènes. Les CRS sont à nouveau intervenus devant les prisons bloquées mardi 5 mai au matin. Les violences policières n'ont cependant pas empêché, d'après les chiffres mêmes de l'administration pénitentiaire, le blocage de 79 établissements sur 194, les syndicats parlant de 120 prisons et de 4 000 gardiens participant au mouvement. Pour montrer leur détermination malgré les violences policières, alors même que les syndicats étaient reçus mardi 5 mai par la ministre de la Justice, Rachida Dati, les surveillants ont commencé à étendre le blocage aux visites des familles et des avocats.

Les gardiens de prison dénoncent la détérioration de leurs conditions de travail, liée à la surpopulation carcérale. Au 1er avril, 63 351 prisonniers s'entassaient dans des prisons disposant de seulement 52 535 places et à Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe, il y a 3 700 détenus dans des cellules prévues pour 2 855 ! Ce n'est pas la politique sécuritaire du gouvernement qui améliorera les choses, avec l'augmentation du nombre des détenus - il y en avait 49 000 seulement, si on peut dire, en 2001 - liée entre autres à la multiplication des courtes peines de quelques semaines à moins d'un an (15 000 détenus). Quant aux nouvelles prisons, elles sont déjà encombrées, comme par exemple à Lyon où les détenus de deux prisons vétustes ont été transférés dans une nouvelle, prévue pour 600 prisonniers mais dans laquelle mille lits ont déjà été installés.

Dans de telles conditions, la tension ne peut que monter dans les prisons, entraînant une aggravation des conditions de travail des gardiens et une dégradation des conditions de vie des détenus. Depuis le début de l'année, l'Observatoire des suicides et des morts suspectes a dénombré 52 suicides de prisonniers, soit plus d'un tous les trois jours. Ce taux est le double de celui constaté en Allemagne ou en Grande-Bretagne, et le triple de celui de l'Espagne. Et dix surveillants ont eux aussi craqué depuis le début 2009, mettant fin à leurs jours.

Face à la colère des surveillants, Éric Woerth, le ministre du Budget, a d'ores et déjà dit qu'il n'y aurait pas un centime de plus pour les prisons. Rachida Dati a reçu les syndicats mais a ensuite suspendu les négociations. Jeudi 30 avril, elle avait proposé, pour désamorcer le conflit, la création d'un quatrième poste la nuit dans les petits établissements et la mise en place d'un bureau d'aides sociales à partir du 1er juillet. Les gardiens, refusant ces mesures dérisoires, ont choisi de se battre, y compris contre les CRS, pour refuser de supporter plus longtemps les conditions honteuses qui règnent dans les prisons.

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