Sahara occidental : Le gouvernement français soutient le régime marocain06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sahara occidental : Le gouvernement français soutient le régime marocain

Jeudi 30 avril, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, le gouvernement français s'est opposé à ce que la mission des casques bleus stationnés au Sahara occidental soit élargie à la défense des droits de l'homme.

Ancienne colonie espagnole jusqu'en 1975, disputé ensuite entre ses trois voisins, le Maroc, la Mauritanie et l'Algérie, le Sahara occidental a été complètement absorbé par le Maroc en 1979, quand la Mauritanie s'est retirée de la zone que les accords de Madrid de décembre 1975 lui avait attribuée. L'État marocain, qui considère le Sahara occidental comme sa « province du sud », a toujours refusé de reconnaître le gouvernement mis en place en 1976 par le Front Polisario, organisation indépendantiste créée en 1973, et n'a bien sûr jamais consulté la population sahraouie, contrairement aux recommandations de l'ONU qui demandait, en 1965, que les peuples colonisés aient droit à l'autodétermination. Depuis 1991, les casques bleus de l'ONU stationnent au Sahara occidental, mais ils n'empêchent pas le gouvernement marocain de continuer à combattre le Polisario et à s'en prendre plus largement à la population sahraouie. Sur une population estimée à 600 000 habitants, 160 000 vivent actuellement dans des camps de réfugiés à Tindouf, dans le sud de l'Algérie.

L'organisation humanitaire Human Rights Watch vient de publier un rapport sur les exactions commises par le régime marocain contre, entre autres, les Sahraouis. Elle dénonce le fait qu'un millier d'entre eux sont actuellement en prison, suspectés d'être des terroristes islamistes. Nombre d'entre eux sont détenus au secret pendant des jours ou des mois, torturés par les services de renseignement ou victimes de traitements infamants. Sous le règne d'Hassan II, des centaines de personnes ont « disparu » et ne sont jamais revenues. Et si les autorités marocaines tolèrent peu ou prou la présence d'organisations humanitaires à Rabat ou Casablanca, elles sont exclues du Sahara occidental, où les procès de présumés terroristes sont menés dans l'arbitraire le plus total et certains aboutissent à des condamnations à mort. Au Maroc, toute réunion publique doit faire l'objet d'une autorisation du ministère de l'Intérieur, qui la refuse bien souvent sous prétexte qu'elle porterait atteinte à l'ordre public. Les manifestations de soutien au Sahara occidental sont brutalement dispersées par la police, même lorsqu'il s'agit de sit-in pacifiques. Et bien entendu les médias sont bridés et accusés de répandre de « fausses nouvelles » dès qu'ils abordent, même de façon modérée, l'opposition à la mainmise de l'État marocain sur le Sahara occidental.

Mais pour le gouvernement français, se prononcer pour que l'ONU demande le respect des droits de l'homme vis-à-vis de la population sahraouie, même si l'on sait que cela ne pouvait être que symbolique, n'est pas à l'ordre du jour. Il ne veut pas risquer de froisser « notre ami le roi » Mohamed VI, selon le titre d'un livre de Gilles Perrault dénonçant les rapports privilégiés que l'État français entretenait avec la dictature d'Hassan II.

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