Politique agricole commune : On ne prête qu'aux riches06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Politique agricole commune : On ne prête qu'aux riches

Les règles de l'Europe imposent désormais la publication, par les États, des listes de bénéficiaires de la Politique agricole commune. Cela permet de constater que les plus importants bénéficiaires de ces aides sont les plus riches, naturellement !

La Politique agricole commune (PAC), mise en place dès les débuts de la Communauté européenne, a pour objectif, sur le papier, d'assurer « un niveau de vie équitable à la population agricole ». On se demande alors ce que font, dans la liste des bénéficiaires, le groupe LVMH ou... la reine d'Angleterre ! Ils ne sont pas parmi les moindres. En France comme en Grande-Bretagne, les très grands propriétaires terriens ou les groupes industriels agroalimentaires sont les premiers bénéficiaires des aides de la PAC.

Certes, l'écrasante majorité de ces aides vont bien à des agriculteurs. Mais la plupart d'entre eux, c'est-à-dire les plus petits, ne touchent que des aides dérisoires, quand une minorité, les plus riches, perçoit des subventions plus que confortables. Ainsi les 30 % les plus pauvres des agriculteurs touchent 2,5 % du total des aides et les 10 % les plus riches en captent 36 % !

Mieux encore : bien loin de la « population agricole » censée être aidée par la PAC, on ne trouve, parmi les vingt-quatre plus gros bénéficiaires des subventions... pas un seul agriculteur ! La PAC sert donc aussi à « assurer un niveau de vie équitable » à Bernard Arnault, le richissime patron de LVMH - en tant que producteur de cognac.

Cette distribution d'argent public à des groupes qui n'en ont nul besoin s'est donc déroulée pendant des dizaines d'années dans la plus parfaite opacité - jusqu'à ce règlement imposant sa publicité. Et l'on comprend que le monde des capitalistes de l'agroalimentaire aurait bien aimé que cette opacité perdure. Tous en choeur, leurs représentants ont expliqué dans la presse ces derniers jours qu'ils étaient naturellement tous favorables à une transparence totale, mais... pas dans ce domaine. Ainsi Éric Lainé, président de la Confédération des planteurs de betterave, a-t-il déclaré benoîtement sur France Info que cette publication « n'est pas une bonne chose », parce que « la publication de chiffres sortis de leur contexte est plus de nature à jeter le trouble qu'à éclairer nos concitoyens ».

Au contraire, la publication de ces chiffres est très « éclairante » : la PAC est, en grande partie du moins, une autre de ces innombrables pompes à fric qui alimentent les caisses de groupes déjà milliardaires.

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