Lutte Ouvrière aux élections européennes06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Lutte Ouvrière aux élections européennes

Les élections européennes auront lieu dans un peu plus d'un mois, le 7 juin. Les grandes chaînes de télévision n'en parlent guère, si ce n'est pour faire écho aux disputes pour les places au sein des grands partis, l'UMP et le PS, qui vont rafler la majorité des sièges.

Quant à l'écrasante majorité des électeurs, ils ont d'autres préoccupations en cette période où les coups pleuvent sur le monde du travail, où les plans de licenciements, voire les fermetures d'usines, se succèdent et où de plus en plus de familles ouvrières ont du mal à boucler les fins de mois avec des salaires amputés par le chômage partiel.

On pourrait se dire : quel intérêt ont donc ces élections européennes alors qu'il paraît évident, même pour les plus naïfs, que leur résultat n'aura pas d'influence pour modifier la situation des classes populaires ?

Le Parlement européen a en effet encore moins de prérogatives que le Parlement français qui n'en a déjà pas beaucoup. Quant au pouvoir, ils n'en ont ni l'un ni l'autre.

On le voit bien avec le Parlement français qui n'est qu'une chambre d'enregistrement des décisions prises par l'exécutif, c'est-à-dire surtout par le président de la République et, derrière lui, au-dessus de lui, par les grands groupes industriels et financiers qui, en dominant la vie économique, dominent aussi la vie politique et sociale. Lorsqu'un de ces grands groupes décide de fermer une entreprise, quand bien même cette fermeture pousse vers le chômage et la pauvreté des milliers de familles ouvrières, quand bien même cela se répercute sur les revenus de bien d'autres catégories sociales comme les commerçants qui vivent des salaires ouvriers, des ministres au président de la République, tous lèvent les bras au ciel pour dire qu'ils n'y peuvent rien. Et quand le président promet d'agir, ce n'est qu'un gros mensonge, comme ont pu le constater les travailleurs de l'aciérie de Gandrange, aujourd'hui fermée.

Il en va de même pour le Parlement européen, rassemblement des députés de 27 pays et dont la seule fonction véritable est de servir de décor démocratique à des décisions prises en commun par les réunions des chefs d'État et de gouvernement des différents pays. S'y ajoute une deuxième fonction, non assumée celle-là, qui est commune à toutes les institutions de l'Union européenne : servir de bouc émissaire pour des décisions impopulaires des gouvernements nationaux. Oh, qu'il est commode de pouvoir dire que « c'est la faute à Bruxelles » ou « la faute à l'Europe et qu'on n'y peut rien » alors que, dans la réalité, les décisions essentielles sont prises à l'unanimité de tous les gouvernements ! Aussi tous ceux qui ne manqueront pas, dans les semaines à venir, d'expliquer qu'en votant pour eux, on décide « une autre Europe », sont des charlatans.

Les institutions européennes sont comme les institutions de la République française : entièrement sous le contrôle des riches et des possédants. L'Union européenne a été faite par les représentants de la classe capitaliste des principales puissances capitalistes d'Europe, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne notamment, pour permettre une circulation plus fluide des marchandises et des capitaux, pour faciliter certaines formes de collaboration entre leurs grands capitaux. Tout cela afin de permettre à ces pays, qui pour être les plus puissants en Europe n'en sont pas moins des nains face aux États-Unis et même au Japon, d'unir leurs forces pour mieux se défendre dans la guerre économique mondiale.

Ces grands groupes, dont les exigences sont à la base de la construction européenne, n'ont que faire des élections et de leurs résultats.

Lutte Ouvrière se présente néanmoins à ces élections européennes car, si les résultats du scrutin ne peuvent pas modifier la marche réelle des choses, ce vote permet au moins d'exprimer une opinion politique et de pousser un cri.

Le cri, c'est la colère des classes populaires face à la politique du gouvernement français qui, comme les autres, vise à leur faire payer la crise économique alors qu'elles n'en sont en rien responsables.

Et l'idée politique que les listes Lutte Ouvrière entendent exprimer est que seule une Europe débarrassée de la dictature des financiers pourrait être gouvernée dans l'intérêt de la majorité de sa population.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprises du lundi 4 mai

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