Faurecia - Auchel (Pas-de-Calais) : Violence patronale et défense ouvrière06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Faurecia - Auchel (Pas-de-Calais) : Violence patronale et défense ouvrière

En mars dernier, pendant 19 jours, les travailleurs de Faurecia à Auchel (508 salariés) avaient fait grève contre un plan de fermeture prévu pour 2010 : 172 mutations à Marles-les-Mines et 157 à Hénin-Beaumont - sans aucune garantie de l'emploi car il y a déjà du chômage sur ces sites - et 179 licenciements. Ils avaient gagné par leur lutte une prime de préjudice moral de 3 000 euros pour reprendre le travail et la promesse d'engagement de négociations.

Les travailleurs se sont remis en grève le 23 avril car la direction ne veut accorder qu'un minimum d'indemnités - 21 000 euros sont évoqués - pour les futurs licenciés, alors que PSA, principal actionnaire à 71 %, a reçu des milliards de l'État, mais aussi parce que la direction refuse de virer sur les comptes 1 500 euros sur les 3 000 euros gagnés en mars. Rapidement, MCA-Maubeuge (Renault) s'est retrouvé au chômage par manque de pièces et Toyota-Onnaing risquait aussi d'être en rupture comme en mars.

La direction de Faurecia cherche à casser la grève et le blocage du site, assignant au tribunal des salariés pour entrave à la libre circulation des marchandises : de nombreux salariés sont condamnés à une astreinte de 1 000 euros par jour et par personne.

La direction a aussi organisé un référendum pour tenter de faire approuver son plan. Sur 508 salariés, seuls 168 ont voté, dont 134, tous collèges confondus, ont voté en faveur d'une mutation éventuelle vers Marles ou Hénin, alors que la direction en voulait 160. Les grévistes avaient refusé de voter car ils refusent toute mutation qui n'offre aucune garantie et veulent rester ensemble à Auchel.

La direction a alors choisi la manière forte. Dans la nuit du mercredi 29 avril au jeudi 30, plusieurs pelotons de CRS ont agressé les grévistes, leurs familles, des élus locaux qui se trouvaient là. Ils ont poussé tout le monde contre les grillages, avec leurs boucliers et à coups de matraque, pour faire rentrer des camions dans l'usine, les remplir de pièces, et les faire ressortir. À 1 h 30 du matin, la direction a fait occuper l'usine par une centaine de vigiles avec leurs chiens. Et la direction interdit aux grévistes de rentrer dans l'usine, même pour aller aux toilettes.

Il y a eu quelques apostrophes violentes, notamment à l'encontre de vigiles noirs, mais des militants ont aussi tenté de discuter avec les vigiles sur le sale boulot qu'on exige d'eux.

Deux camions de pièces sont sortis de l'usine. Il n'y a plus de pièces maintenant et ce n'est pas le travail des quelques dizaines d'ouvriers non grévistes qui va permettre de maintenir l'approvisionnement. Par contre les grévistes craignent que la direction veuille faire sortir des moules et des machines.

La direction organise aussi un deuxième référendum, par courrier, sous prétexte qu'il y aurait eu « des manoeuvres d'intimidation » qui auraient perturbé le premier ! Cette fois les questions laisseraient le choix entre être muté ou rester à Auchel.

La direction a aussi tenté lundi 4 mai de faire rentrer en bus dans l'usine des non-grévistes d'Auchel, mais aussi des salariés d'autres sites Faurecia, notamment d'Hénin-Beaumont. Tous les syndicats, même ceux qui ne sont pas dans la grève, ont protesté contre ces méthodes. Les salariés d'Hénin-Beaumont se sont aussi mis en grève quelques heures et ont bloqué les sorties, entraînant l'arrêt de la production du nouveau modèle de Scénic à Renault Douai... Dans d'autres sites Faurecia, il y a eu des grèves de solidarité à l'appel des syndicats.

La détermination des grévistes d'Auchel n'a pas changé. La colère est immense devant les manoeuvres de la direction, l'injustice des tribunaux, l'intervention musclée des CRS et les centaines de vigiles mobilisés dans le site. Les grévistes sont toujours aussi nombreux à tenir le piquet de grève, nuit et jour. Même si les négociations sont au point mort pour le moment, ils veulent faire payer la direction et Peugeot.

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