Allemagne : L'obscurantisme en échec06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : L'obscurantisme en échec

Dimanche 26 avril a eu lieu à Berlin un référendum sur l'introduction de l'enseignement religieux dans les écoles publiques. Plus précisément, il était proposé que les élèves (ou plutôt leurs parents) puissent avoir le choix entre des cours de religion, organisés séparément pour chaque confession, ou des leçons d'éthique communes, seules obligatoires jusqu'à présent.

Même si la proposition était présentée de façon modérée, il s'agissait d'une offensive des forces les plus conservatrices. Dans un pays où la religion est enseignée dans les écoles publiques de quasiment tous les Länder, où l'État perçoit directement l'impôt d'Église pour le compte des différentes confessions, où dans un Land comme la Bavière des crucifix trônent dans bien des écoles publiques, Berlin est un des rares Länder où l'enseignement religieux n'existe pas. Et cela défrise tous les porteurs de soutane.

L'association qui était à l'origine de cette initiative, Pro Reli, avait reçu le soutien de tout ce que l'Allemagne compte de courants réactionnaires, de l'Union Chrétienne-Démocrate (CDU), le parti d'Angela Merkel, à la presse du trust Springer, en passant par les Églises, catholique et protestante. Elle avait fait campagne par voie de grandes affiches et de spots radiodiffusés au nom de la « liberté »...

Les mêmes avaient réussi, début avril, à faire pression sur la régie des transports en commun berlinois (BVG) pour qu'elle refuse d'apposer sur quelques bus de la ville une publicité promue par des associations de libres-penseurs qui proclamait « Dieu (selon toute vraisemblance) n'existe pas ». Mais, bien sûr, cette régie n'a rien trouvé à redire aux affiches de Pro Reli, qui ont été placardées dans les couloirs du métro.

Tout cela n'a pas suffi, et c'est tant mieux. La participation au référendum n'a atteint que 29,2 % des 2,45 millions d'électeurs inscrits, mais le non l'a emporté avec 51,3 % des votants. Alors qu'en janvier Pro Reli avait réuni 307 000 signatures de soutien à son projet, ce qui lui avait permis d'imposer ce référendum, seulement 365 609 électeurs ont voté pour. En fait, seulement 14,2 % des inscrits ont donc approuvé le changement de loi... qui restera au placard.

Les calotins viennent d'essuyer un échec. Dans un contexte général de montée des idées réactionnaires à l'échelle de l'Europe, c'est déjà ça.

Partager