L'église Notre-Dame de Saint-Chamond : Une croix pour les contribuables24/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2125.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'église Notre-Dame de Saint-Chamond : Une croix pour les contribuables

Comme bien des villages et villes du pays, Saint-Chamond a fait un héritage par les vertus de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État : une église construite en 1880, qui devint vite un cadeau empoisonné et qui vaudra à la commune l'organisation d'un référendum le 26 avril prochain.

Les sponsors du 19e siècle avaient vu grand en bâtissant un fac-similé de cathédrale pour s'assurer leur place au paradis ; mais comme tout bourgeois qui se respecte, ils étaient près de leurs sous et l'édifice, bien qu'imposant, fut construit en calcaire de mauvaise qualité.

L'église Notre-Dame au fil des ans devint donc « Notre drame »... pour les finances locales. Vingt ans après sa construction, en 1900, les travaux débutaient. Ils n'allaient guère cesser. Malgré ceux-ci, la situation n'allait pas en s'améliorant et dans les années 1980 il fallut installer des échafaudages pour retenir les pierres (et même une aile d'ange) qui tombaient sur les passants.

Lors de son arrivée en mairie, en 1989, le maire de droite parla de consulter les habitants, compte tenu des sommes à engager pour rénover l'église, mais il renonça rapidement pour ne pas froisser ses amis qui craignaient que les contribuables votent la démolition. Et la rénovation démarra cahin-caha. Alors que le maire se glorifiait du résultat des travaux sur la façade avant et sur les deux tours, des « désordres » apparaissaient et au printemps 2004 il fallut évacuer en urgence, et pour plusieurs semaines, les habitants et les commerçants alentours parce que la tour nord, qui venait d'être rénovée, menaçait de s'effondrer sur les maisons riveraines. Elle dut être démolie en catastrophe.

Après cet « épisode catastrophe », le maire de droite persista et lança de nouveaux travaux. Et plutôt que de refaire le toit qui fuit, il choisit de refaire une façade, plus visible, alors que les élections municipales arrivaient. Sans subventions extérieures, la facture continua de s'alourdir : 4 millions et demi d'euros en 2008, sans que les habitants soient jamais consultés, bien sûr !

La nouvelle équipe de gauche arrivée à la mairie en mars 2008 annonça qu'elle consulterait les habitants comme elle l'avait promis.

Les deux groupes d'élus de droite, rabibochés pour l'occasion et flanqués d'un Comité de sauvegarde de l'église Notre-Dame, s'insurgèrent : pour eux, les habitants devaient payer sans qu'on leur demande leur avis.

La mise en place de la consultation qui aura lieu le 26 avril n'a pas été facile, à cause des textes juridiques qui encadrent une telle consultation mais aussi à cause des refus du préfet. Celui-ci impose en effet sa volonté et, notamment, que seuls les électeurs puissent voter, en excluant les étrangers pourtant contribuables.

Si les électeurs se prononcent pour arrêter les travaux, ce qui implique à terme la démolition, leur volonté se heurtera encore au préfet qui ne donnera son accord qu'après le consentement écrit de l'évêque. Et on se doute déjà qu'il ne sera d'accord que si on construit, à la place, une nouvelle église... payée par les contribuables, bien qu'il y ait déjà huit autres églises sur la ville.

Saint-Chamond étant une ville pauvre fiscalement, et qui a pourtant à investir dans des choses plus utiles à la population, tous ces gens-là, s'ils veulent continuer à retaper leur « chère » église, pourraient trouver un faiseur de miracles qui multiplierait les euros comme l'autre qui, paraît-il, aurait multiplié les pains et les poissons il y a deux mille ans.

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