Boulogne, Calais, Dunkerque : Les pêcheurs veulent vivre de leur travail24/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2125.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Boulogne, Calais, Dunkerque : Les pêcheurs veulent vivre de leur travail

Les marins pêcheurs du Nord ont bloqué les ports de Boulogne, Calais et Dunkerque du mardi 14 au jeudi 16 avril. Ils revendiquaient le droit de pouvoir vivre de leur travail, c'est-à-dire sortir en mer et pêcher du poisson.

Or les quotas de sole et de cabillaud étant déjà épuisés, ils n'ont plus le droit d'en pêcher. Se rabattre sur une autre espèce, le maquereau et le merlan par exemple, ne ferait que reporter le problème de quelques jours, car pour ces poissons-là aussi les quotas sont presque remplis. Les pêcheurs demandent donc qu'on revoie les quotas et affirment qu'il y a encore de la sole et du cabillaud en quantité suffisante.

La politique des quotas consiste à limiter, à l'échelle internationale, les quantités prélevées pour chaque espèce de poisson. Elle est justifiée par le fait que certaines espèces, comme la morue de Terre-Neuve, ont été décimées par une pêche trop intensive et que d'autres comme le thon rouge sont menacées. Les quantités maximum prélevables pour chaque espèce et chaque zone de pêche sont déterminées en principe à partir d'études scientifiques. Puis les États, c'est-à-dire en fait les grandes sociétés de pêche, se répartissent des quotas par d'obscures tractations. Les artisans marins ont donc quelques raisons de se méfier des résultats de ces négociations sur lesquelles ils n'ont aucune autre prise... que de manifester comme ils l'ont fait.

Après trois jours de blocage, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Barnier, a débloqué quatre millions d'euros d'aides et la promesse d'essayer de renégocier ou d'échanger des quotas. Bien que cela soit loin du compte, les marins, sous la menace de lourdes amendes, ont accepté de lever le blocus des ports.

Mais rien n'est réglé. Le massacre de la faune aquatique continue dans les mers lointaines, loin du regard d'autorités qui ne sont tatillonnes que pour les artisans des côtes européennes et laissent les navires usines des grandes sociétés vider les mers d'Afrique et d'Amérique latine sans contrôle. Il est quand même remarquable que dès que les gouvernements prétendent faire quelque chose pour la planète, cela retombe sur le dos des travailleurs les plus modestes et épargne les grandes sociétés.

De plus les équipages, les petits patrons et les populations des ports de pêche n'ont aucune raison de faire les frais de l'incapacité du système capitaliste à organiser rationnellement la pêche et l'exploitation des ressources des mers, et du cinéma écologique des États européens. Et si les autorités ont décrété qu'ils ne pouvaient plus pêcher, qu'au moins elles donnent aux pêcheurs les moyens de vivre !

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