À l'occasion du bicentenaire de la naissance de Darwin, en Turquie une revue scientifique avait prévu de faire la couverture de son numéro de mars sur Darwin et l'Évolution des espèces et d'y consacrer un large dossier. Mais on apprend que, finalement, la revue est parue avec un titre et un dossier sur... le réchauffement climatique. Le dossier sur Darwin est passé à la trappe, et la rédactrice en chef de la revue a été mise à la porte !

Et ce n'est pas n'importe quel magazine qui a été censuré mais la revue du Conseil pour la recherche scientifique et technique de Turquie - le Tübitak - qui est l'organisme public chargé de la politique nationale de recherche. Sauf que le Tübitak est tombé depuis l'été dernier sous la coupe d'un ministre d'État... expert en théologie et chargé par ailleurs des affaires religieuses !

Des universitaires, des scientifiques, des étudiants et, plus généralement, les défenseurs de la laïcité se sont mobilisés pour dénoncer cette censure révoltante et stupide faite sous la pression de sombres cervelles qui tentent d'accréditer les thèses créationnistes d'un autre temps.

On a pu en avoir une idée en France quand, en 2007, des enseignants de biologie ont reçu, gratuitement et sans l'avoir bien sûr commandé, L'Atlas de la création d'un certain Harun Yahya. Il y définit lui-même son objectif : « Communiquer aux lecteurs le message du Coran (...) et démonter les arguments des tenants des idéologies athées. » Et, dans un pavé de 800 pages, mais relié pleine toile et richement illustré, il dévide ses assertions sur un seul leitmotiv qui se résume à « Non, il n'y a pas évolution ! »

L'indigence est telle qu'on pourrait se contenter d'en soupirer. Mais, derrière cette négation de l'évolution des êtres vivants, se profile une autre négation, une autre condamnation, celle de l'évolution de la société humaine. Ceux qui combattent ainsi le darwinisme le font pour mieux combattre le matérialisme, le marxisme et en fait toutes les idées de progrès de la société.