Le plan Geithner : Fuite en avant dans la spéculation03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le plan Geithner : Fuite en avant dans la spéculation

Le ministre des Finances du gouvernement Obama, Timothy Geithner, a présenté tous les détails de son vaste de plan de sauvetage des banques. Après le plan Paulson de sauvetage des banques, du nom du ministre des Finances de Bush (700 milliards de dollars), puis le plan de relance d'Obama adopté le mois dernier (près de 800 milliards de dollars), ce sont encore des centaines de milliards de dollars supplémentaires d'argent public que le gouvernement Obama est prêt à débourser pour racheter les fameux titres, dits toxiques, qui figurent dans les actifs des banques et plombent leur bilan car ils sont invendables et leur valeur est donc quasi nulle.

Ces titres sont des montages financiers spéculatifs, basés sur des emprunts hypothécaires insolvables.

Pour tenter de sauver la mise aux banques, Geithner propose de créer, avec des investisseurs privés, des fonds d'investissement associant capitaux publics et privés et qui se feraient concurrence pour racheter les actifs pourris que les banques voudraient bien vendre. Evidemment il faudrait proposer un prix suffisant pour que les banques aient envie de les vendre. Ensuite, si tout va bien, ces actifs pourraient voir leur valeur à nouveau grimper et l'État et les acheteurs privés pourraient se partager la plus-value.

Le gouvernement prétend ainsi réparer les dégâts de la spéculation financière par une opération spéculative de très grande ampleur et hautement risquée sur des actifs complètement pourris ! Mais cette intervention massive de l'État a immédiatement été appréciée par les places boursières du monde entier.

Car il s'agit d'un montage qui fait assumer la plus grande partie des risques au gouvernement et à la banque centrale, la Fed, mais qui garantit la moitié des profits aux capitaux privés. En effet la Fed prêtera jusqu'à 85 % du prix d'achat; et les 15 % restants seront fournis à parts égales par l'investisseur privé et par le gouvernement. Sur 100 dollars, le privé risque 7,5 dollars mais c'est 92,5 dollars d'argent public que le gouvernement accepte de mettre en jeu ! Le gouvernement se propose de racheter ainsi jusqu'à 1 000 milliards de dollars d'actifs pourris.

Tous les « investisseurs » privés sont invités à spéculer au moindre risque avec le gouvernement : les individus, les sociétés par actions, les fonds d'investissement, les fonds de pensions (qui peuvent encore y perdre l'argent des retraités), les assureurs, et même les banques, car il y des banques qui seront en même temps vendeuses de leurs actifs pourris et acheteuses, avec les garanties de l'argent public, desdits actifs !

Personne ne sait encore combien de ces actifs pourris seront proposés à la vente par les banques, ni à quel prix ils pourraient être achetés. Personne ne sait non plus si beaucoup d'investisseurs privés répondront présent. Mais ce qui est sûr, c'est que ce gouvernement Obama, malgré quelques discours indignés sur les dérapages de Wall Street, est prêt à jeter l'argent fédéral dans le gouffre du système financier. Il est même question de 2 000 milliards, et non plus seulement de 1 000 milliards d'actifs toxiques qu'il lui faudrait éponger ! Autant dire qu'on n'a pas encore vu le fond du gouffre...

Le quotidien le New York Times a calculé que l'État américain était engagé à hauteur de 9 900 milliards de dollars (7 300 milliards d'euros) pour tenter de sauver le système financier et que, sur cette somme, 2 200 milliards de dollars avaient déjà été dépensés (près de cinq fois le budget de l'État français). Tout cet argent public jeté dans le système financier ne peut qu'aider les banques et l'ensemble de la grande bourgeoisie à sauver sa mise malgré la crise, mais c'est autant d'argent qui ne servira pas à satisfaire les besoins de la population en matière de santé, d'éducation, de transports publics, de logements abordables. C'est autant d'argent qui ne servira pas à investir dans des activités productives utiles et à créer des emplois. C'est autant d'argent que le gouvernement et le patronat tenteront de récupérer en pressurant encore plus la population laborieuse.

Obama, pas plus que les autres chefs de gouvernements, ne va mettre fin à la crise. Il va seulement, comme les autres, tout faire pour aider les riches capitalistes à la faire payer aux travailleurs.

Partager