Espagne : L'IVG et l'hypocrisie des calotins03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : L'IVG et l'hypocrisie des calotins

Dimanche 29 mars, en famille, avec poussettes, enfants et grands-parents, des dizaines de milliers de Madrilènes sont descendus dans la rue, soutenus par l'Église catholique et tout ce que la société compte de réactionnaire. Derrière des banderoles proclamant le « droit à la vie », ils protestaient contre le projet de loi du gouvernement Zapatero visant à libéraliser l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

À l'heure actuelle, la loi espagnole autorise les femmes à recourir à l'IVG dans trois circonstances : si elles ont été violées, et le délai est de 12 semaines de grossesse ; si le foetus présente des malformations, le délai passe alors à 22 semaines ; en cas de « danger physique ou psychique de la mère », sans limitation de délai. Heureusement, si on peut dire, dans les faits cette dernière disposition de la loi permet aux femmes qui décident d'interrompre une grossesse non désirée de pouvoir le faire. À condition toutefois qu'elles aient la possibilité, tant matérielle que morale, d'accéder à un médecin qui accepte de certifier qu'elles sont « en danger ».

Le projet de loi du gouvernement socialiste espagnol prévoit de permettre aux femmes de recourir à l'IVG, dans un délai de 12 semaines de grossesse, simplement si elles le choisissent, comme c'est le cas en France et dans la majorité des pays de l'Union européenne. C'est bien le minimum ! Mais c'est justement ce minimum, ce droit élémentaire, que tout ce que l'Espagne compte de réactionnaire refuse hypocritement d'inscrire dans la loi.

Et il en est d'autres en Europe, parmi les pays dits les plus civilisés, pour dénier aux femmes ce droit essentiel de disposer de leur corps. En Irlande, il faut que la vie de la femme soit en danger pour que l'avortement soit pratiqué. À Chypre, l'IVG n'est possible qu'en cas de raisons médicales ou de viol et, dans ce dernier cas, outre un certificat médical, il faut aussi un certificat de la police pour l'attester. Il en va de même en Pologne, où c'est au procureur de fournir l'attestation. Quant à Malte, l'IVG y est tout simplement... illégale !

Sauf que, dans tous ces pays, quand des femmes décident, pour des raisons qui leur sont propres, de ne pas mettre au monde un enfant, elles interrompent leur grossesse non désirée. Celles qui le peuvent font le voyage vers des pays où la législation permet d'avorter dans des conditions sanitaires correctes. Les autres se débrouillent, au péril de leur santé, voire de leur vie.

Alors tous ces religieux qui, en Espagne, en Pologne, en Irlande et ailleurs, appellent les « bien-pensants » à manifester se moquent éperdument du « droit à la vie » que proclament leurs banderoles.

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