Compagnie parisienne de chauffage urbain : Un mouvement victorieux03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Compagnie parisienne de chauffage urbain : Un mouvement victorieux

La Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) gère le réseau de vapeur qui chauffe le quart de Paris, plus quelques quartiers de villes limitrophes de la capitale. La CPCU est une société d'économie mixte, concession de la Ville de Paris. Ancienne filiale EDF, elle a été privatisée en 1991 et fait partie du groupe GDF-Suez.

La vapeur est produite par des chaudières qui brûlent en priorité des ordures ménagères, mais qui fonctionnent aussi au gaz, au charbon et en dernier lieu au fioul (de loin le moyen le plus onéreux).

Les bénéfices nets de cette compagnie de 500 salariés ont été de 12 millions d'euros pour l'année 2008. Mais ce n'est pas pour cela que les salaires et les conditions de travail sont à la hauteur.

Depuis des années, les représentants du personnel font état du mécontentement du personnel. Cette saison d'hiver a été particulièrement éprouvante et la colère est montée d'un cran chez les agents de production.

En février, les travailleurs de la principale centrale, celle de Saint-Ouen, décidaient de se battre pour obtenir une prime de technicité, que la direction a accordée. Cela a donné des idées aux cinq autres centrales et, lors des AG qui se sont tenues, les travailleurs ont dénoncé les conditions de travail dans les chaufferies, l'utilisation de produits cancérigènes. Ils ont demandé la reconnaissance de la pénibilité, l'embauche de personnel, la reconnaissance des compétences, une prime de transport pour les personnels travaillant en 3x8 (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7). Les victimes de l'amiante (obligées de passer par des années de guerre juridique ou d'accepter un chèque de la direction) ont demandé l'application de l'accord amiante GDF-Suez.

Un préavis de grève a été déposé pour une grève reconductible à partir du 16 mars. Bien sûr, il n'était pas question de couper le chauffage urbain mais de pénaliser la direction sur les coûts de revient, en jouant sur les priorités d'utilisation de combustible plus onéreux.

Le 16 mars, à 6 heures du matin, les chaudières à charbon se retrouvaient à l'arrêt, deux des trois centrales d'incinération d'ordures quasiment à l'arrêt, une des deux centrales à gaz, qui produisent de l'électricité en plus de la chaleur sur le réseau, sérieusement diminuée, et le fioul utilisé plein pot. Le bras de fer s'est donc engagé. Les différents chefs des sites concernés ont vainement tenté de ramener le personnel à la raison. Mais quand ils ont vu la détermination des grévistes, la plupart d'entre eux étant venus sur leurs sites avec paquetages et lits de camp, ils ont dû admettre leur impuissance.

Le mardi 17 mars, la direction a jeté l'éponge : mis à part la pénibilité qui fera l'objet d'études, le reste a été accepté, dont une prime de technicité de 100 euros par mois. L'accord amiante EDF sera applicable, les équipes seront renforcées, une prime équivalant à la carte orange est accordée pour les agents obligés de prendre leur voiture à cause des horaires en 3x8.

Cela faisait des décennies qu'il n'y avait pas eu un tel sursaut au sein du personnel. Avant la grève, beaucoup pensaient qu'il était impossible de faire quelque chose mais depuis, à commencer par les intérimaires, les yeux brillent. Les jeunes ont énormément appris et ce mouvement victorieux s'est terminé sous les applaudissements.

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