Christian Streiff, le licencieur licencié03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Christian Streiff, le licencieur licencié

Le patron de PSA Peugeot-Citroën a donc été sèchement mis à la porte du groupe par la famille Peugeot, dimanche 29 mars. Moins sèchement toutefois que les milliers d'intérimaires qu'il a mis à la porte de PSA pendant les deux années où il a sévi.

Christian Streiff est bien représentatif de ces hauts cadres que les bourgeois se disputent pour diriger leurs entreprises. Étrange société où des ingénieurs issus des plus prestigieuses écoles ne se servent de ce qu'ils y ont appris que pour devenir des licencieurs professionnels ou des « cost killers » (des « tueurs de coûts ») selon l'expression à la mode !

Streiff, sorti major, c'est-à-dire premier de sa promotion, de l'école des Mines, a toujours fait ce sale métier : chercher à faire gagner de l'argent à ses employeurs capitalistes en rendant plus pénible le travail des autres. Co-patron de Saint-Gobain jusqu'en 2005, il a par exemple suscité ce commentaire admiratif d'un de ses proches : « Lorsqu'il s'occupait de la bouteille de verre en France, il a réussi à faire passer la production de 400 à 1 000 bouteilles par ouvrier sans que personne y trouve à redire » !

Embauché chez PSA en 2007, après un passage chez Airbus, Streiff y avait le même objectif : faire augmenter la productivité, aggraver la charge de travail de chaque ouvrier et supprimer des postes. Il y a plutôt bien réussi, avec notamment un plan de 11 800 départs programmés sur deux ans. Streiff est également - c'est moins connu - membre du conseil de surveillance du groupe Continental, qui est en train de tenter de licencier 1 100 travailleurs à Clairoix.

Comme toute peine mérite salaire, Streiff avait chez PSA un salaire oscillant, selon les bonus, entre 2 500 et 5 000 euros... par jour. Mais son salaire, ses bonus, ses primes, et même les conditions probablement pas trop dures dans lesquelles il négociera son départ, ne sont finalement que des pourboires aux yeux de la famille Peugeot qui, elle, a encaissé des milliards grâce à ces gains de productivité.

Aujourd'hui, Streiff pleurniche dans la presse et se juge maltraité par la famille Peugeot, lui qui aurait tant donné à l'entreprise. Cela a de quoi énerver les travailleurs de PSA : Streiff n'était pas si sensible lorsqu'il expliquait, à des ouvriers qui s'étaient ruiné la santé sur les chaînes de montage, qu'ils étaient « de trop », et feraient mieux d'aller chercher du travail ailleurs.

Juste après l'arrivée de Streiff à PSA, une grève de six semaines avait éclaté, pour les salaires, à l'usine d'Aulnay-sous-Bois. Il n'y a plus qu'à espérer que tous les travailleurs de PSA souhaiteront la bienvenue à son successeur de la même manière !

Pierre VANDRILLE

Nouveau sabreur d'emplois à l'horizon

Le successeur de Christian Streiff s'appelle Philippe Varin. Il devient patron de PSA après avoir notamment dirigé le groupe sidérurgique Corus.

Ce groupe vient d'être racheté par le milliardaire indien Tata, avec à la clé un plan de 3 500 suppressions d'emplois. Avant de quitter Corus, Varin a laissé derrière lui l'annonce de la fermeture, à l'été prochain, de trois usines en France, dans le Nord, le Vaucluse et en Haute-Savoie.

De quoi inciter les ouvriers de PSA à se préparer à ne pas se laisser faire !

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