Après le 29 janvier, le 19 mars et avant le 1er mai, quel plan de lutte ?03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après le 29 janvier, le 19 mars et avant le 1er mai, quel plan de lutte ?

Comme elles l'avaient laissé entendre, les confédérations syndicales proposent une journée de manifestations à l'occasion du 1er mai.

Les dirigeants syndicaux ont beau qualifier « d'historique » le fait que les confédérations aient maintenu leur unité et appellent à nouveau ensemble à cette journée, la déclaration commune a beau parler d'un mois d'avril de « mobilisations », les confédérations se bornent encore à attendre des réponses de la part du gouvernement.

Lesquelles ? Puisque Sarkozy et Fillon ont réaffirmé qu'il n'était pas question d'augmentations de salaire, qu'ils laisseront les plans de licenciements se dérouler sans intervenir, qu'ils maintiendront les réductions de postes dans les services publics ?

Pour faire céder le gouvernement et surtout le grand patronat, de telles journées d'action isolées ne suffiront pas. Il faudrait pour cela au moins la menace d'une suite, voire d'un mouvement puissant et général du monde du travail. Non seulement les confédérations syndicales n'envisagent pas un tel mouvement, mais elles n'en expliquent même pas la nécessité aux travailleurs. Et pire, les directions syndicales, celles qui passent pour être les plus combatives, n'en menacent pas le gouvernement et le patronat, mais ne disent même pas jusqu'où elles-mêmes sont prêtes à aller.

Comment peuvent-elles ainsi espérer convaincre les salariés qui hésitent, entraîner ceux pour qui il est plus difficile de rejoindre la lutte, ceux des petites entreprises, ceux qui sont menacés de licenciements et les travailleurs précaires ?

Par deux fois, le 29 janvier et le 19 mars, les salariés ont répondu massivement à l'appel des syndicats. Les salariés ont donc, de leur côté, fait de leur mieux. Beaucoup n'ont pas seulement manifesté, mais ils ont fait grève ces journées-là. Cette réponse des travailleurs était en soi une menace pour le gouvernement et le patronat, en démontrant la colère du monde du travail.

Mais les directions syndicales ont, par leur comportement, dit en substance aux travailleurs : « Bravo ! maintenant rentrez chez vous et nous ferons le reste ».

Le reste, les travailleurs en ont attendu l'annonce pendant dix jours.

De plus, avoir choisi la date du 1er mai est un recul moral de la part des directions syndicales. Le 1er mai est un jour férié payé et chômé. Bien sûr, on peut considérer qu'ainsi les salariés pourront manifester sans perdre de salaire. Mais le gouvernement et le patronat de leur côté en tireront un avantage moral : leur conclusion sera que les syndicats craignaient d'appeler à des actions un autre jour, non férié, et qu'alors leurs appels éventuels ne soient pas suivis.

On ne le saura donc jamais ! Les travailleurs combatifs ne le sauront pas et le patronat n'aura pas eu la moindre crainte.

Mais les travailleurs, les salariés, peuvent s'emparer de l'arme que les syndicats leur donnent. Il aurait mieux valu une journée où les grèves soient plus nombreuses que le 19 mars. Et peut-être l'auraient-elles été.

Il reste cependant la possibilité de faire du 1er mai une telle journée de manifestations avec deux ou trois millions, sinon plus, de travailleurs dans les rues. Et le patronat et le gouvernement commenceront alors à se demander, en tremblant un peu, quelle sera la suite des événements, même si les syndicats ne disent rien.

Partager