Sarkozy rassure les patrons25/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2121.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy rassure les patrons

Le saltimbanque qui trône à l'Elysée a fait une nouvelle fois son numéro. Cette fois, il se produisait à Saint-Quentin. Les commentateurs s'étonnent qu'il n'ait rien dit de nouveau. Mais il a déjà tout dit, et surtout beaucoup fait pour les nantis. Ces derniers peuvent être rassurés, à supposer qu'ils soient inquiets. Il n'est pas question de remettre en cause le bouclier fiscal, ni de tempérer les aides aux banquiers et aux industriels. Ils ont eu droit tout au plus à une légère réprimande. Pas question cependant de leur envoyer les CRS ou de mettre la police financière à leurs trousses, ni même de proposer de légiférer pour modérer l'âpreté aux gains des dirigeants d'entreprises. Les mesures d'autorité, c'est bon pour les salariés qui manifestent et pour ceux qui veulent montrer à Sarkozy et aux siens qu'ils ne sont pas d'accord avec la politique qu'on leur impose.

Le président, exercice oblige, a eu quelques paroles de commisération à l'égard des travailleurs qui perdent leur emploi. Pas question, a-t-il dit, de laisser quiconque au bord du chemin. Des propos qui ne manquent pas de sel, alors que la liste des entreprises qui licencient s'allonge chaque jour et que ce chemin se remplit des victimes de la politique patronale !

Que propose-t-il de faire dorénavant ? Il n'est pas question pour lui d'interdire les licenciements. Ce serait une remise en cause de la liberté des capitalistes de disposer de leurs capitaux comme bon leur semble, de les déplacer là où ils veulent, de licencier quand ils le décident. C'est ce qu'on appelle le maintien de la « souplesse économique ». Mais comme il faut bien trouver quelque chose, le chef de l'État a proposé de mettre en place des « commissaires à la ré-industrialisation », qui auraient, ajoute-t-il, « tous les pouvoirs ». Quels pouvoirs ? Celui d'imposer au patronat de ne pas jeter à la rue une partie ou la totalité de son personnel ? Celui de procéder à l'investigation des comptes des entreprises et de révéler à la population les résultats de leur enquête ? Il ne faut pas rêver. Ce gadget que vient de sortir Sarkozy de sa boîte à malices ne changera rien au sort des travailleurs.

Sarkozy s'est montré tel qu'en lui-même : provocant, fier de lui et de ses exploits au service des possédants. Sa démonstration, destinée à flatter l'opinion réactionnaire, cette fraction de la population qui, a-t-il dit, « ne manifeste pas », a du même coup renforcé la détermination de « ceux qui manifestent » et qui, le pouvoir a pu le constater le 19 mars, sont de plus en plus nombreux.

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