Bouclier fiscal : L'argent des riches sous haute protection25/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2121.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bouclier fiscal : L'argent des riches sous haute protection

Tentant de répondre à ceux qui reprochent à Sarkozy de maintenir le bouclier fiscal à 50 %, dans cette période de crise, on entend des ministres débiter le même argumentaire. L'objectif de cette mesure, répètent-ils, est de « faire venir des gens qui ont de l'argent dans nos usines et nos entreprises, ce n'est pas de les faire partir ».

Le ministre du Budget, Woerth, confirme : il trouve le bouclier fiscal « juste » car il a permis que « les gens reviennent en France avec leurs capitaux et leurs investissements ». Il en veut pour preuve que le nombre de redevables à l'impôt sur la fortune quittant la France aurait baissé en 2007, première année d'application du bouclier. 719 contribuables se sont exilés cette année-là, contre 843 en 2006 mais seulement 246 sont rentrés en France en 2007, contre 226 en 2006.

Le bilan est donc maigre, et d'ailleurs d'après le Syndicat national unifié des impôts (Snui), « il est impossible de dresser un bilan du bouclier fiscal sur les expatriations fiscales ». À supposer que ces chiffres révèlent quelque chose, c'est le peu d'effet de ce plafonnement fiscal pour faire revenir les riches.

Un député de droite (Nouveau Centre), membre de la commission des Finances, Nicolas Perruchot, balaie ces objections dans une interview au Journal du Dimanche : « Il y en a qui sont revenus mais on ne leur a pas demandé si c'était grâce au bouclier... De toute façon ils ont l'habitude de faire voyager leur argent, ils n'ont pas attendu les députés français pour ça. » C'est un aveu clair de l'absence totale de contrôle sur les « flux financiers » même si cet accès de lucidité fiscale de certains parlementaires de droite n'est sans doute pas étranger à l'approche d'une échéance électorale. On vérifie encore une fois que les capitalistes et les riches n'hésitent pas à exercer un chantage permanent, en sachant qu'ils seront entendus en haut lieu. Ils savent aussi faire verser des larmes sur leurs prétendues misères, qui seraient dues à une imposition trop lourde, afin d'obtenir toujours plus de ce gouvernement.

En contrepartie, il n'y a rien : les « possesseurs de capitaux » gardent l'entière liberté de faire ce qu'ils veulent de leur argent et de le placer là où ils veulent, en fonction de ce qu'ils jugent le plus profitable pour eux ; quitte à démolir ce que le gouvernement appelle « la vie économique » du pays. Quand les ministres prônent la solidarité nationale et expliquent que les Français devraient se serrer les coudes, quand ils évoquent « le patriotisme économique » c'est uniquement à la population laborieuse qu'un tel discours est destiné pour qu'elle accepte de se serrer la ceinture.

Répondant aux critiques, François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a dénoncé la « tentation naturelle de refaire en permanence 1793 », période où, comme on sait, on a coupé la tête de quelques « accapareurs ». Au fond, c'est reconnaître que l'arrogance, l'âpreté au gain, l'égoïsme sans limite des profiteurs sont toujours là. Comme les privilégiés de l'Ancien Régime, ces nantis d'aujourd'hui n'ont que faire du désastre où ils entraînent toute la population.

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