La ministre du Logement et la flambée des loyers : Bloquer les loyers ? Vous n'y pensez pas !04/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2118.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La ministre du Logement et la flambée des loyers : Bloquer les loyers ? Vous n'y pensez pas !

Pour la ministre du Logement, Christine Boutin, l'idée même de bloquer les loyers - ne serait-ce que de façon provisoire - pour soulager les ménages, et les plus modestes en particulier, « fait partie de ces fausses bonnes idées qui se révèlent dommageables à moyen et long terme ». Pas question d'envisager une mesure qui serait un tant soit peu « dommageable », comme elle dit, pour les propriétaires.

Cette idée de bloquer les loyers au niveau où ils sont actuellement, c'est-à-dire à un niveau déjà scandaleusement élevé, dans le secteur privé mais aussi parfois dans le secteur social, a été émise récemment par une organisation de consommateurs, la Confédération du logement et du cadre de vie (CLCV). Les salaires sont quasiment bloqués depuis des années, sans parler des dizaines de milliers de chômeurs qui viennent chaque mois rejoindre les millions de sans-emploi, dont les revenus ont fondu de façon dramatique. Mais les loyers, eux, ont flambé. Le syndicat patronal des agents immobiliers, la FNAIM, a calculé qu'en l'espace de dix ans les loyers ont bondi de plus de 40 %. La CLCV de son côté souligne que les ménages consacrent en moyenne près du quart de leurs revenus au loyer, et beaucoup plus pour les ménages les plus modestes.

Face à cette situation, la ministre a le culot d'affirmer que « l'inflation n'est pas forte en ce moment, les loyers augmentent aussi avec modération ». Pourtant, par exemple au moment d'un changement de locataire, les augmentations de loyer enregistrées par un observatoire immobilier étaient de 7 % en 2004, de 5,7 % en 2007 et de 7,6 % en 2008. Le blocage des loyers, explique Boutin, conduirait les propriétaires à ne plus louer, à ne plus entretenir les logements, à ne plus construire. Mais quelle différence cela ferait-il avec la situation actuelle ?

Les particuliers propriétaires louent aux prix du marché. Trop souvent, ils n'entretiennent que peu ou pas leurs biens. Pour les sociétés HLM également, on ne peut pas dire que les re-locations se fassent à des prix modiques, que l'entretien brille par son efficacité et qu'elles investissent massivement dans la construction de nouvelles résidences. Enfin les promoteurs immobiliers, eux, ont amassé des fortunes, mais ils expliquent que la crise les met en situation délicate et qu'il faut que l'État les renfloue en prévision des difficultés à venir. En attendant, ils réduisent leurs projets, n'étant plus certains de vendre les biens.

Alors, quand Boutin objecte à un éventuel blocage des loyers que « la réponse la plus adéquate, c'est construire », elle ne manque pas d'air. Car le gouvernement auquel elle appartient ne fait rien pour impulser la construction rapide, urgente, de logements, mais se contente de subventionner les marchands de béton sans aucune garantie qu'ils investissent dans le logement, et le logement social en priorité.

Face à la crise du logement, oui, le blocage des loyers serait bien une première mesure élémentaire, qui pourrait être prise sans délai, pour soulager les locataires modestes. Et il faudrait construire, certes en urgence, en en faisant la priorité des priorités, les centaines de milliers de logements qui font aujourd'hui défaut.

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