AZF Toulouse : Total devra malgré tout rendre des comptes04/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2118.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

AZF Toulouse : Total devra malgré tout rendre des comptes

Pendant les années qu'a duré l'instruction judiciaire, la responsabilité de Total est restée imperturbablement ignorée par la justice, jamais évoquée, et elle n'a encore moins fait l'objet d'une inculpation.

Total était pourtant le groupe industriel propriétaire de la filiale Grande Paroisse - AZF qui avait explosé le 21 septembre 2001, soufflant une partie de Toulouse et faisant 31 morts et des milliers de blessés.

Mais, quoi qu'ait pu jusque-là penser la justice, pour tous les sinistrés ce sont bien les dirigeants de Total les responsables et les coupables. En tant que donneurs d'ordre, ils définissaient pour leur filiale une politique de réduction d'effectifs permanente, l'utilisation massive de la sous-traitance, des formations à la sécurité succinctes pour les sous-traitants et intérimaires. Ils faisaient passer les « gains de productivité » en tête de leurs préoccupations... la sécurité venant après, au nom d'une politique de « risques calculés ».

Cette opinion est aussi partagée par bien des travailleurs de l'usine, qui n'ont pas oublié s'être opposés à plusieurs reprises, parfois même par la grève, à cette logique qui sacrifiait la sécurité à d'autres impératifs. Leurs protestations comme leurs luttes n'y ont pas suffi, car la loi du « profit avant tout » est la base même du système capitaliste. Et ce sont eux qui l'ont payé le plus chèrement, avec 21 morts.

Comme l'a dit le salarié d'AZF accusant Total à la barre du tribunal : « Tous les jours, je rendais des comptes à mon patron sur la sécurité, la production, la pollution. C'était mon travail. (...) Le patron de mon patron doit aussi rendre des comptes. » Et il a ajouté : « Personne n'a le monopole de la mémoire des morts sur l'usine. » Il faisait référence à l'association des salariés qui s'est constituée sous les auspices de Total et qui s'est toujours rangée à la thèse hypocrite du même Total : « On ne sait pas ce qui s'est passé, on veut la vérité. » (!)

Le procès va durer plusieurs mois, et il y aura bien des débats sur les circonstances précises et les causes de l'explosion, avec notamment l'audition de chimistes et d'experts scientifiques, qui vont se chamailler sur les mécanismes qui l'ont entraînée. Il y a eu bien sûr une cause directe à l'explosion de cette véritable poubelle qu'était le Hangar 221 où étaient entreposés les produits déclassés. Mais le problème ce n'est pas seulement de déterminer la formule de la réaction chimique qui a conduit à la catastrophe. Il a certes fallu l'étincelle et l'explosif, mais aussi et surtout l'incendiaire : en l'occurrence Total et sa politique d'économies et de profit à tout-va pour les actionnaires.

C'est ce système irresponsable et coupable qui est condamnable.

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