Pannes d'ascenseurs : Un scandale qui dure25/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2117.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pannes d'ascenseurs : Un scandale qui dure

Depuis le début janvier 2009, 32 ascenseurs sont bloqués dans une cité en copropriété de Grigny, dans l'Essonne, et certains de ces appareils pourraient ne pas être remis en fonctionnement avant la fin mars. Ce qui condamne quatre à cinq mille personnes à s'en passer durant plusieurs mois.

À la suite de deux pannes mécaniques dans des tours en septembre dernier, une vérification effectuée avant la mise en service avait détecté sur le moteur de ces appareils un défaut pouvant mettre en danger la sécurité des usagers. Or, comme 32 appareils sont équipés de ces mêmes moteurs, la préfecture a demandé par mesure de précaution de les immobiliser, ce qui prive des milliers de personnes d'ascenseurs dans des immeubles comportant plus de dix étages.

Cette situation n'est pas isolée et ne fait que souligner la vétusté du parc d'ascenseurs. Environ 60 % des ascenseurs en fonctionnement actuellement ont plus de vingt ans, et certains nettement plus. Les pannes et demandes de réparations se sont multipliées ces derniers mois, comme le note un conseiller juridique de la Confédération Nationale du Logement (CNL) qui signale, qu'en 2008, les demandes liées à des problèmes d'ascenseurs avaient augmenté de 50 %.

Plusieurs sociétés HLM de Paris et de la région parisienne ont dû mettre en place dans plusieurs de ces immeubles un service de portage dans les étages pour pallier le manque d'ascenseurs, immobilisés parfois plusieurs mois, pour cause de réparations.

Les sociétés chargées des réparations invoquent tant l'augmentation des délais de livraison des pièces que le manque d'empressement des propriétaires à signer les bons de commande, et elles parlent aussi de surcharge de travail.

Interrogé par Le Parisien, le délégué de la Fédération des Ascenseurs, la fédération patronale de la branche, a ainsi indiqué que les entreprises avaient « déjà huit à douze mois de travaux programmés ».

C'est que, après des années durant lesquelles rien n'imposait aux sociétés d'ascenseurs d'entretenir leur parc, la loi Robien sur la rénovation des ascenseurs, votée en 2003, a rendu obligatoire une mise aux normes en 17 points de tous les appareils, fournissant du même coup aux sociétés d'ascenseurs une manne substantielle.

S'il y a surcharge de travail, pour remettre en état ces appareils, c'est surtout parce que le patronat de la branche rechigne à former le personnel nécessaire et à embaucher à des salaires décents. Il entend profiter de cette pénurie pour gonfler les devis et pratiquer des tarifs prohibitifs, ce qui fait que le montant des travaux estimé en 2003 à 4 milliards a été réévalué à 8 milliards en 2008.

Une situation d'autant plus scandaleuse, que ces sociétés ont obtenu que les délais imposés pour réaliser les rénovations soient reculés. Les sociétés du secteur, contrôlé par quatre géants Otis, Koné, Schindler et Thyssen, voient ainsi leurs profits monter par l'ascenseur pendant que nombre d'habitants en sont réduits à monter les étages à pied.

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