Guadeloupe : Au 32e jour de la grève générale25/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2117.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : Au 32e jour de la grève générale

La grève

Au moment où nous écrivons, la grève générale se poursuit en Guadeloupe. Si la grève n'est plus à 100/ % comme pendant les quatre semaines précédentes, on peut dire que 90 % des salariés sont toujours en grève dans toute l'île. Dans toutes les grandes entreprises publiques ou privées, les travailleurs sont en grève, ainsi que l'ensemble des travailleurs municipaux de toutes les communes de l'île. Mais dans un certain nombre de PME ou TPE qui comptent entre trois et vingt salariés, les pressions patronales sont énormes, et ici et là on observe des reprises partielles.

À l'EDF, les coupures tournantes d'électricité ont cessé, à la fois pour ne pas trop perturber la vie de la population, et aussi parce que certains travailleurs ont repris le travail. Mais c'est quand même la première raison qui l'emporte. Par contre, les travailleurs CGTG de la CTM (centrale thermique du Moule) sont toujours en grève totale. Cette entreprise relaie l'EDF depuis plusieurs années et les rares coupures qui existent encore sont dues à la faiblesse du réseau sans la CTM.

Pour garder intact l'appui de la population qui est considérable, les dirigeants syndicaux du LKP ont donné des consignes tendant à éviter de trop perturber les besoins vitaux de la population dans sa vie quotidienne, d'autant que par ailleurs les stations-service sont fermées périodiquement, les transports n'existent plus et tous les lycées, collèges et écoles sont fermés pour fait de grève de l'ensemble du personnel.

Notons que les travailleurs des stations-service sont toujours en grève. Ceux qui travaillent sont ceux qui ont été réquisitionnés par le préfet.

La deuxième tentative de manifestation de rue du milieu patronal a de nouveau échoué. Seule une trentaine de personnes ont répondu à son appel « contre les blocages ».

Le soutien populaire est toujours très massif. Les militants sont encouragés sur les routes. Les gens leur crient : « Tenez bon, ne lâchez pas, bon courage, nous sommes avec vous ». Ou alors, sur les barrages certains déclarent : « Bon je vais garer ma voiture et je viens vous aider ».

Les barrages

Les barrages routiers mis en place par les grévistes et les militants depuis le lundi 16 février ont été assouplis progressivement après l'assassinat du militant syndicaliste, Jacques Bino, le samedi 17 février, pour permettre à la population de se rendre à ses obsèques en masse. Mais ensuite, ils furent tous enlevés et détruits avec brutalité par les forces de répression. À plusieurs reprises des militants furent interpellés puis relâchés.

À Petit-Bourg, sur le barrage de Montebello, ces forces de répression ont organisé une véritable embuscade, dans la nuit de mardi à mercredi 17 et 18 janvier, contre des groupes de jeunes. La veille, ailleurs, de nombreux jeunes s'étaient en effet armés pour répondre aux exactions des forces de l'ordre qui avaient tiré une balle dans la jambe d'un jeune rappeur très populaire à Pointe-à-Pitre. Ce soir-là donc, au rond-point de Montebello, à Petit-Bourg, sans sommation, ils ont tiré à balles réelles sur ces groupes de jeunes qui se sont immédiatement éparpillés. C'est par miracle qu'il n'y eut aucun mort ni blessé.

Les barrages les plus solides et les plus populaires ont été enlevés par la force à Sainte-Rose et le dernier en date, mardi 24, à Morne-à-l'Eau. Les charges ont été fortes avec pluie de grenades lacrymogènes, suivie de la charge de plusieurs dizaines de gendarmes ou CRS.

Les militants du LKP ont annoncé la reconstruction de barrages en grand nombre en cas d'échec des négociations prochainement.

Manifestations et meetings populaires

Depuis la reprise des négociations, tous les jours, la délégation du LKP est accompagnée par environ un millier de manifestants qui partent de la Mutualité jusqu'au port autonome où se déroulent les discussions. Il faut donc traverser toute la ville de Pointe-à-Pitre. Tous les magasins encore ouverts ferment à l'approche de la manifestation. Le matin avant de partir et le soir au retour, plusieurs milliers de personnes se retrouvent devant le palais de la Mutualité pour un compte-rendu et un meeting. Mardi 24 au soir, près de 3 000 personnes ont assisté au meeting.

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