Février 1939 : Un gouvernement issu de la Chambre de Front Populaire lâchait la République espagnole pour Franco25/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2117.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Février 1939 : Un gouvernement issu de la Chambre de Front Populaire lâchait la République espagnole pour Franco

Le gouvernement du socialiste Blum, issu de la victoire électorale du Front Populaire français qui était en place, au moment du putsch franquiste en juillet 1936, s'était déjà déshonoré en jouant la comédie de cette « non intervention » approuvée en paroles par tous les États européens, au nom de laquelle il n'apporta pratiquement aucune aide militaire à la République espagnole, mais qui n'empêcha ni Hitler ni Mussolini de fournir à Franco du matériel moderne en quantités considérables (avions, chars d'assaut, canons), des spécialistes et des troupes.

Le dernier gouvernement qui se réclama du Front Populaire, dirigé par le leader du Parti Radical, Daladier, eut une attitude encore plus honteuse, dans la ligne d'ailleurs de la politique qu'il menait à l'intérieur contre la classe ouvrière. Ce gouvernement, investi en avril 1938, ne comprenait, aux côtés des radicaux, que des ministres de droite. Il s'employa à revenir sur tout ce qui restait des conquêtes ouvrières de juin 1936, notamment sur la semaine de 40 heures. En octobre 1938 le Parti Radical se retira officiellement du Front Populaire, et après l'échec de la grève du 30 novembre 1938, le ministre des finances, Paul Reynaud (un homme de droite pur sucre) se félicita de la fin de la « semaine des deux dimanches ».

Autant dire que ce gouvernement ne ressentait guère de sympathie pour la République espagnole, et encore moins pour les ouvriers et les paysans qui tentaient de s'opposer à Franco, bien que le gouvernement espagnol de « Frente popular » ait tout fait, avec la complicité du Parti Socialiste et du Parti Communiste, pour vider la lutte des masses populaires ibériques de tout contenu révolutionnaire.

En décembre 1938, les armées franquistes, qui quelques mois plus tôt avaient réussi à atteindre la Méditerranée entre Barcelone et Valence, séparant ainsi la Catalogne du reste de la zone républicaine, lancèrent une offensive en direction du nord. Le 26 janvier 1939, les troupes franquistes pénétraient dans Barcelone, et poursuivaient vers le nord.

Cette offensive franquiste marqua le début d'un immense exode. Des centaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, civils ou combattants en retraite, se dirigèrent vers la frontière française, franchissant les Pyrénées dans des conditions météorologiques épouvantables, fuyant la répression, les massacres de militants ouvriers, de sympathisants de la République, qui accompagnaient chaque avancée de l'armée du « caudillo ».

Loin d'accueillir dignement ceux qui fuyaient l'avance des troupes franquistes, la République française se conduisit honteusement vis-à-vis d'eux. Rien n'avait été prévu pour faire face à cette situation. Après que les combattants eurent été désarmés à la frontière, des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, furent parqués sur les plages d'Argelès ou du Barcarès, sans abri par un froid glacial, sans ravitaillement, sans la moindre installation sanitaire, avant que les autorités françaises n'ouvrent les camps d'internement de sinistre mémoire du Vernet ou de Gurs.

Mais dans le même temps le gouvernement Daladier s'engageait dans un processus qui allait conduire à la reconnaissance du gouvernement de Franco comme gouvernement légitime de l'Espagne.

Dès les premiers jours de février, Daladier demanda à un sénateur de droite, Léon Bérard, bien connu pour ses sympathies vis-à-vis du régime franquiste, de prendre langue avec des représentants de celui-ci. Ces contacts aboutirent le 28 février à la reconnaissance officielle du gouvernement franquiste, auquel la France s'engageait à remettre les stocks d'or que la République espagnole lui avait confiés, et cela un mois avant la chute de celle-ci. Deux jours plus tard Pétain était nommé ambassadeur de France auprès de Franco. En trois ans les gouvernements issus de la Chambre française de Front populaire étaient passés de l'hypocrisie de la « non intervention » à la trahison ouverte de la République espagnole.

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