De l'Elysée à la direction d'une banque : Il n'y a qu'un pas25/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2117.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De l'Elysée à la direction d'une banque : Il n'y a qu'un pas

De quelques ténors du PS jusqu'à Bayrou en passant par le député UMP Goulard, certains font mine de se scandaliser du fait que Sarkozy veuille nommer François Pérol, jusque-là secrétaire général adjoint de l'Elysée, à la tête de la banque privée née de la fusion de la Banque Populaire et de la Caisse d'Epargne. D'autant plus, ajoutent-ils, que ledit Pérol est justement le haut fonctionnaire qui a présidé à cette fusion. Il y aurait donc confusion entre l'administration et les intérêts privés.

Indignation vertueuse, mais bien peu crédible !

D'une part il n'a pas pu échapper à des gens aussi bien informés, parfois même anciens ministres, que le travail de la haute administration est justement d'aider au mieux les grandes banques privées, et les autres groupes capitalistes, à réaliser leurs affaires. L'État n'est pas neutre, il est au service des grands groupes. Les centaines de milliards déversés sur les banques depuis la crise financière suffiraient à le démontrer, si besoin était.

Alors le passage de Pérol de l'Elysée, où il a organisé le « sauvetage » des banques, à la tête d'une des banques sauvées, muni du salaire et des avantages assortis, n'est, dans les sommets de l'État et de la banque, que la juste récompense des services rendus.

D'autre part ni Hollande ni Bayrou ne peuvent ignorer que ce genre de mutation est monnaie courante. Pérol était d'ailleurs déjà passé par la banque privée, Rothschild en l'occurrence, entre deux postes de haut fonctionnaire. La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, était, avant sa nomination, dirigeante d'un cabinet d'affaires international. Le ministre du Budget, Woerth, travailla à la direction financière de Péchiney... où il a peut-être rencontré Martine Aubry qui en fut directrice-adjointe. Mestrallet, actuel dirigeant du groupe Suez, fut membre du cabinet de Jacques Delors. Galois, dirigeant d'EADS, commença lui aussi sa carrière comme haut fonctionnaire, au cabinet de Chevènement entre autres, et on peut en dire autant de quasiment tous les dirigeants des grands groupes financiers et industriels. Jusqu'au baron Seillière, héritier et gestionnaire de la fortune des Wendel, qui fut de 1962 à 1975 haut fonctionnaire et membre de nombreux cabinets ministériels. Après quoi il se consacra plus directement à ses affaires.

Le haut personnel administratif de la bourgeoisie passe d'un poste à l'autre suivant les circonstances, de l'État au privé et retour. Il personnifie, par la succession et l'interchangeabilité des fonctions, la fusion de fait entre les sommets de l'État et la crème des possédants.

Par rapport à cet état de fait, la nomination, ou non, par Sarkozy d'un de ses fidèles à la tête de la nouvelle banque ainsi que les protestations qu'elle suscite ne sont que des péripéties.

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