Le gouvernement vient d'annoncer son projet de suppression d'une partie de l'impôt sur le revenu pour cette année, pour les contribuables se situant dans la première tranche d'imposition (à 5,5 %). Il prétend ainsi prendre une mesure à la fois de « justice fiscale » et en faveur du pouvoir d'achat.

Que restera-t-il de ce projet après les discussions à la Chambre des députés et au Sénat, difficile à dire.

De toute façon, dans son état actuel, cette mesure est bien loin des prétentions de Sarkozy. D'abord elle ne s'appliquera pas aux 16 à 17 millions de foyers (sur un total de 35 millions) qui, vu la faiblesse de leurs revenus, ne sont pas imposables. Ainsi, un salarié célibataire, travaillant à plein temps et payé au smic, bénéficiant donc d'un revenu imposable de 10 800 euros, ne gagnera rien avec la suppression des deux tiers provisionnels puisque, grâce au système de la décote (remise sur l'impôt théoriquement dû), il se retrouve non imposable. Même chose pour un couple de salariés payés au smic ayant deux enfants. Quant à un salarié célibataire déclarant 12 970 euros de revenus (seulement 8 % de plus que le smic), se situant donc au plafond de la première tranche, il n'économisera que 32 euros.

En revanche, certaines familles disposant de revenus confortables bénéficieront pleinement de ce dispositif. Ainsi un couple avec cinq enfants et déclarant 73 000 euros se retrouve, grâce au système du quotient familial, dans la première tranche d'imposition (à 5,5 %). Il profitera avec la nouvelle mesure d'une remise de 1 120 euros !

Pour une mesure de « justice fiscale », Sarkozy repassera. Quant aux salariés, chômeurs et retraités, ce n'est pas avec ça qu'ils verront leur pouvoir d'achat bénéficier d'un coup de pouce.