Lear-Lagny (Oise) : PSA-Aulnay (Seine-Saint-Denis) Une situation aberrante04/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2114.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lear-Lagny (Oise) : PSA-Aulnay (Seine-Saint-Denis) Une situation aberrante

Le fabricant de sièges Lear, sous-traitant de PSA, a annoncé la fermeture prochaine du site de Lagny-le-Sec pour regrouper sa production à Cergy dans le Val-d'Oise. Mais voilà, les travailleurs s'étant mis en grève, la production ne sort plus à Lagny... et les voitures sans sièges s'accumulent à l'usine PSA d'Aulnay.

Lorsque vendredi 23 janvier les ouvriers ont cessé le travail, ayant appris que leur patron voulait fermer l'usine de Lagny, PSA et Lear ont pris peur et dès le week-end ils essayaient de s'organiser pour court-circuiter le site de Lagny. Le lundi, PSA n'envoyait plus aucun camion prendre les sièges sur ce site. Dans le week-end, Lear récupérait les palettes qui servent au transport des kits de siège dont ils avaient besoin pour alimenter l'usine d'Aulnay à partir du site de Lear à Cergy et d'un stock à Madrid. Mais cela s'avère largement insuffisant, et seule une petite quantité de sièges arrive à Aulnay.

Alors, la direction de PSA continue de faire produire des voitures sans sièges - en faisant simplement installer des faux sièges qui permettent de conduire la voiture jusqu'aux parkings. Le stock de faux sièges étant faible, le patron a embauché des intérimaires chargés de démonter les faux sièges sur les parkings, de les charger dans une camionnette et de les ramener à l'atelier du Montage pour qu'ils soient réutilisés !

Il y avait en début de semaine, le 2 février, presque 5 000 voitures sans sièges sur les parkings d'Aulnay. En fait, pour la Citroën C3, Lear à Cergy n'arrive pas à fournir. Pour la C2, la seule machine qui permette de fabriquer des sièges est à Lagny. Tant que cette usine est arrêtée, la production ne peut se faire. Même si le patron de Lear décidait de rapatrier ses palettes à l'usine, il n'est pas du tout certain que les ouvriers accepteraient de reprendre la production. D'autant que la direction fait tout pour aggraver la colère des ouvriers : ainsi le DRH a osé proposer 2 500 euros d'indemnités de licenciement aux travailleurs de Lear - ce qui l'a amené à devoir quitter les lieux un peu plus vite qu'il n'aurait voulu. À la suite de quoi la direction propose 12 500 euros pour que les ouvriers s'engagent à fabriquer les sièges jusqu'à la fin du modèle C3, qui doit s'arrêter en cours d'année, et elle est « montée » à une indemnité de licenciement de 20 à 25 000 euros.

La situation est réellement délirante : les voitures produites à Aulnay (C2 et C3) se vendent bien, et il faut un délai de plus de trois mois pour en obtenir une. Et au même moment, on ferme l'usine qui en fabrique les sièges ! Les patrons du secteur automobile ne peuvent même pas, cette fois, invoquer la crise. Du travail, il y en a tellement à Aulnay que le patron demande aux ouvriers de travailler le samedi... tout en laissant un de ses principaux sous-traitants jeter 300 salariés à la porte, ou en l'incitant à le faire.

Car PSA, en tant que donneur d'ordre, est évidemment le principal responsable de la situation. Son calcul était que, si la production de Lear était centralisée à Cergy, cette usine pourrait approvisionner Aulnay et Poissy, ce qui représenterait une économie pour Lear, et donc pour PSA.

Avec ses milliers de véhicules invendables stockés sur ses parkings, PSA paye aujourd'hui le prix de sa politique aberrante de filialisation et de sous-traitance à tout-va. Il faut espérer que les ouvriers de Lear sauront tirer profit de cette situation pour se faire respecter et faire ravaler leur arrogance aux patrons de Lear et de PSA.

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