Ile de la Réunion : Le gouvernement pense aux pauvres mais préfère donner aux riches04/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2114.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ile de la Réunion : Le gouvernement pense aux pauvres mais préfère donner aux riches

Avant de se rendre aux Antilles Yves Jégo, secrétaire d'État à l'Outre-mer, était à nouveau présent dans l'île les 29 et 30 janvier. Il était venu faire croire aux travailleurs qu'il avait plus d'un tour dans son sac, en fait douze, pour leur redonner du pouvoir d'achat. Mais de son chapeau il n'est sorti que quelques mesurettes en faveur des plus pauvres, les principaux cadeaux étant destinés au patronat local. Rien de bien nouveau en fait.

Aux 135 000 familles à bas revenus, Jégo offre généreusement une prime exceptionnelle de 200 euros à toucher en avril, ce qui sur un an équivaut à un peu moins de 55 centimes par jour. Pour 2010 il promet un soutien à la création de 4 500 emplois aidés, qui devraient être répartis dans les différentes collectivités locales. Outre le caractère précaire de ces emplois, les communes pourraient ne pas se précipiter, estimant qu'en ce domaine les aides de l'État sont insuffisantes. Une autre mesure serait la mise en place de 50 000 billets d'avion à 400 euros (hors taxes) sous conditions de ressources, soit une aide de 160 à 180 euros par passager. À titre de comparaison, cette aide est bien en dessous des 436 euros que la Région a octroyés en 2007 à 41 000 passagers. Et surtout, dans l'esprit du gouvernement, cette mesure est avant tout destinée à soutenir les rentrées des compagnies aériennes qui sont inquiètes d'une baisse actuelle et à venir du nombre de leurs passagers. Enfin, et parmi d'autres mesures encore, Jégo a annoncé la facturation à la seconde et non plus à la minute les appels sur mobiles. En fait, il ne s'agit là que de l'extension d'une mesure déjà appliquée depuis longtemps en métropole.

Pour les patrons les propositions sont bien plus consistantes, puisqu'il est question de gros sous pour plusieurs années de suite. Le gouvernement est par exemple prêt à totalement rétablir la défiscalisation pour la construction de logements privés. Cette dernière avait été quelque peu écornée pour soi-disant amoindrir des niches fiscales trop favorables aux riches. Eh bien, ce bel élan d'équité fiscale n'a que peu duré. Le patronat et les plus riches, qui réclamaient avec insistance le maintien de toute défiscalisation et qui en octobre 2008 avaient même manifesté devant la préfecture pour l'obtenir, ont finalement été entendus par un gouvernement qui ne leur refuse rien.

Dans la future zone franche globale sera intégré le secteur « environnement ». Cela signifie que les entreprises concernées seront exonérées à 80 % de la taxe professionnelle, de l'impôt sur les sociétés et de la taxe foncière. Les Veolia et consorts peuvent donc se frotter les mains. L'État va également accorder une aide pour la rénovation des hôtels qui se montera à 7 500 euros par chambre pour les cent premières chambres de chaque structure. Sous prétexte de soutenir le monde agricole, le prix de l'achat de l'électricité provenant du brûlage de la bagasse (un résidu provenant du broyage des cannes à sucre) sera valorisé. Cette mesure profitera peu aux petits planteurs de canne. Mais en revanche, pour les plus gros et pour les usiniers, l'affaire sera juteuse. Mesure très attendue par les entreprises du BTP, il y aura dans les 18 mois qui viennent le lancement de nouveaux gros chantiers publics pour un montant de 250 millions d'euros. Comme pour la route des Tamarins, les profits vont là encore se ramasser à la pelle !

Et voilà comment Yves Jégo, et avec lui le gouvernement, prétend répondre aux attentes du plus grand nombre : en donnant à une minorité déjà bien repue !

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