Gaza : Trois semaines de guerre contre le peuple palestinien21/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2112.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : Trois semaines de guerre contre le peuple palestinien

Après trois semaines d'une guerre terrible, dans laquelle le rapport des forces militaires était en totale faveur d'Israël, le gouvernement israélien a décrété une trêve unilatérale et commencé à retirer ses troupes de la bande de Gaza, laissant un pays dévasté, un véritable champ de ruines où la population n'a même plus les moyens de sa propre survie.

Cinq mille maisons ont été détruites, vingt mille autres ont été endommagées. Le réseau d'évacuation des eaux usées est hors d'usage. De nombreux quartiers n'ont d'ailleurs plus d'eau courante ni d'électricité. Les services hospitaliers ont pour l'heure évalué à 1 300 le nombre de tués dans les bombardements ou lors d'affrontements avec l'armée israélienne. Mais maintenant que la population commence à pouvoir déblayer les gravas, elle trouve de nombreux autres cadavres ensevelis sous les décombres. Le nombre réel de victimes n'est en fait pas encore connu et dépassera certainement de beaucoup les chiffres aujourd'hui annoncés.

Et comment s'en étonner quand on sait que la densité de la population dans la bande de Gaza est très élevée (4 200 habitants au kilomètre carré), plus que dans l'agglomération marseillaise (3 300 habitants au kilomètre carré). Bombarder une telle zone urbaine en affirmant ne vouloir atteindre que les combattants du Hamas, comme l'a fait l'armée israélienne, était un mensonge grossier.

Au terme, de toute façon provisoire, de cette violente agression contre la population palestinienne, beaucoup se posent la question : qui sort vainqueur de ce conflit, Israël ou le Hamas ? Si le but était, comme le gouvernement israélien l'a lui-même affirmé, d'affaiblir le Hamas, voire de l'éradiquer, alors le résultat de la guerre n'est pas au bénéfice d'Israël. Ce n'est pas en bombardant la population de Gaza que les gouvernants israéliens pouvaient anéantir le Hamas en le rendant impopulaire. L'espoir que les gazaouis s'en prendraient au Hamas, le rendant responsable des bombardements, était une absurdité. Les populations bombardées en veulent plutôt à ceux qui les bombardent, surtout quand ceux-ci maintiennent par ailleurs et en permanence une oppression sans espoir.

À Gaza, cette oppression se traduit par un enfermement total d'un million et demi de Palestiniens sur un territoire de 365 km², par le contrôle de toutes les frontières, terrestres, maritimes, aériennes et par une violence permamente infligée par le geôlier. Quant à la prétendue volonté d' Israël de renforcer le camp des Palestiniens dits modérés, qui peut encore y croire ? Mahmoud Abbas, avec une obstination pathétique tente depuis qu'il a été élu à la tête de l'Autorité palestinienne, en janvier 2005, de négocier à tout prix mais sans jamais obtenir quoi que ce soit. La modération d'Abbas n'a jamais rien amené en retour : rien sur le statut de Jérusalem, rien sur le sort des réfugiés, rien sur la poursuite de la colonisation ou la construction du mur. Dans ces conditions, dire que des bombes pouvaient réduire ou annihiler l'influence du Hamas, qui s'est justement renforcé sur l'intransigeance israélienne, était tout simplement absurde.

Mais l'objectif du gouvernement israélien était sans doute tout simplement encore une fois de frapper de terreur une population palestinienne jugée insuffisamment docile. Pour criminelle qu'elle soit, cette politique est bien dans la continuité de celles qu'ont toujours menées les gouvernants israéliens.

L'État d'Israël s'est construit sur la dépossession de la population palestinienne, en se posant de surcroît comme un des fers de lance des intérêts impérialistes dans la région. Cela s'est traduit par une politique de guerre et de terreur envers les États et les populations de la région, en premier lieu envers la population palestinienne.

Lors de la première guerre israélo-arabe, les dirigeants du tout nouvel État israélien expulsèrent plus de 700 000 palestiniens des territoires conquis. En 1956, Israël allié à la France et à la Grande-Bretagne se lança dans une guerre contre l'Égypte qui venait de nationaliser le canal de Suez. En 1967, le pays fut à nouveau en guerre contre l'Égypte ainsi que contre la Syrie et la Jordanie. C'est à cette époque que furent, entre autres, occupés Gaza et la Cisjordanie. En 1973, un nouveau conflit opposa Israël à l'Égypte et la Syrie. Il envahit aussi trois fois le Liban, en 1978, 1982 et 2006. Il bombarda les centrales nucléaires irakiennes en 1981. Son armée occupa le Sud-Liban de 1978 à 2000.

C'est dans cette suite ininterrompue de guerres et d'occupations que se comprend le dernier conflit à Gaza. " Israël est en paix avec lui-même ", vient de dire la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni : une paix des cimetières pour les Palestiniens, mais sans espoir d'avenir pour les Israéliens.

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