Nos lecteurs écrivent - La situation des « bénéficiaires » des contrats d'aide au retour à l'emploi : La supercherie du « travailler plus pour gagner plus »30/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2109.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent - La situation des « bénéficiaires » des contrats d'aide au retour à l'emploi : La supercherie du « travailler plus pour gagner plus »

Je voudrais apporter un témoignage sur les prétendues incitations à la reprise d'activité pour les chômeurs qui sont arrivés en fin de droit. Après un arrêt d'un an suite à un accident du travail, j'ai été licencié pour raisons économiques avec dix autres salariés par l'entreprise dans laquelle j'avais eu cet accident. À 49 ans, je me suis retrouvé au chômage d'abord en allocation retour à l'emploi (ARE), puis en allocation spécifique de solidarité (ASS) à partir d'avril 2008. Dans une région où les entreprises ne cessent de licencier ou même de fermer, l'espoir de retrouver un emploi s'amenuisait. À l'ANPE où, comme les autres chômeurs de la ville, je suis convoqué très régulièrement, le personnel n'est pas en mesure de nous faire des propositions autres que celle d'une durée d'un mois par exemple pour quelques heures par jour.

La seule possibilité était donc de décrocher un CAE, c'est-à-dire un Contrat d'accompagnement dans l'emploi, comme agent d'entretien. Ces contrats sont de 20 heures par semaine et peuvent être prolongés de six mois en six mois pendant deux ans. J'ai accepté cet emploi malgré mon handicap en espérant avoir des revenus supplémentaires pendant quelques mois. Du quatrième mois du CAE au douzième, je touche en plus du salaire de 595,15 euros, une prime forfaitaire de la part des Assedic de 150 euros. Si le contrat est renouvelé après douze mois, plus aucune prime n'est versée. Ce qui fait un salaire bien maigre.

Mais j'ai découvert, comme tous ceux qui ont accepté ce type de contrat, qu'en réalité je n'étais plus considéré comme demandeur d'emploi, ce qui implique entre autres un nouveau calcul à la baisse de l'aide pour le logement. À cela s'ajoute le fait que les 745,15 euros de salaire et prime forfaitaire me font perdre la CMU - ce qui oblige à contracter une mutuelle - ainsi que la fin du tarif social de l'électricité et de la gratuité des transports accordée sur la ville pour tous les chômeurs. Après avoir fait mes comptes, je me suis rendu compte que je gagnais moins de 50 euros supplémentaires par rapport à ma situation précédente !

Ces contrats sont donc une véritable supercherie. Leurs multiplications proposées par le gouvernement et leur extension aux entreprises privées avec le RSA ne permettront pas à ceux qui ne touchent que l'ASS ou le revenu minimum d'insertion, le RMI, c'est-à-dire des sommes de l'ordre de 450 euros par mois, de sortir de leur situation. Mais alors que les chiffres du chômage se dégradent de mois en mois, ces contrats sont de fait un moyen de réduire artificiellement le chômage tout en faisant qu'une partie de plus en plus grande d'entre nous s'habitue à des revenus très faibles en travaillant.

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