Grèce : La mobilisation continue24/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2108.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : La mobilisation continue

Les manifestations se sont poursuivies en Grèce la semaine dernière. Jeudi 18 décembre, une manifestation de 7 000 à 10 000 personnes s'est déroulée à Athènes. Une des banderoles proclamait : " À bas le gouvernement du sang, de la pauvreté et des privatisations ". D'autres manifestations ont eu lieu à Thessalonique, la deuxième ville du pays, mais aussi dans d'autres villes de province comme Patras et Lamia. L'agitation a continué parmi les étudiants et les lycéens occupant leurs facultés et plusieurs centaines de lycées.

Un incident a augmenté l'exaspération des jeunes : un lycéen, membre des Jeunesses Communistes et fils d'un syndicaliste connu, a été légèrement blessé le mercredi 17, à la fin d'une manifestation, par une balle tirée par une personne non identifiée, à un endroit où le gouvernement a démenti toute présence policière. Par ailleurs, les experts ont confirmé que, le 6 décembre, le policier avait bien visé le jeune Alexis Grigoropoulos et non pas tiré en l'air une balle qui aurait malencontreusement ricoché, comme une rumeur essayait - toutefois sans succès - de le faire croire.

Les jeunes ne sont pas les seuls mobilisés : le même jeudi 18 décembre, les contrôleurs aériens ont fait une grève de trois heures entraînant l'annulation des vols non urgents. Ils protestaient contre la politique du gouvernement et réclamaient des augmentations de salaire. Les médecins, les enseignants, le personnel des transports et celui des hôpitaux ont aussi mené des actions. La veille, à Patras, les chauffeurs routiers bloquaient le port, et en Grèce du Nord les agriculteurs et les éleveurs bloquaient les routes pour réclamer des aides au gouvernement.

Les mouvements sont multiples et dispersés puisque le 18 décembre, rien qu'à Athènes, on comptait quatre rassemblements différents. Malgré cet éparpillement, l'agitation n'a pas cessé.

Dans la nuit du dimanche 21 décembre, le gouvernement a fait adopter un budget de réduction des investissements publics et d'augmentation des impôts, présenté par la presse comme inapplicable. Le président de l'Association des industriels de Grèce (le SEV, équivalent du Medef) a déclaré, visiblement inquiet : " Nous ne pouvons pas ignorer le message retentissant envoyé par les jeunes, ni l'étouffer dans les gaz lacrymogènes " et il a proposé une coopération entre la Nouvelle Démocratie, la droite au pouvoir, et le Parti Socialiste, le Pasok, pour promouvoir les réformes sur lesquelles ils s'accordent. Très mécontent de ce qu'il considère comme un lâchage, le Premier ministre a fait savoir par son porte-parole : " La Grèce a un gouvernement. Le gouvernement actuel est fort et à la hauteur de sa mission ", une déclaration qui est par elle-même un aveu de faiblesse.

Les jours de l'équipe du Premier ministre, Constantin Caramanlis, sont peut-être comptés mais le recours à un autre gouvernement de droite, ou de gauche, ou à une coalition gauche-droite, ne suffira peut-être pas à faire accepter aux travailleurs, aux jeunes, de payer les conséquences de la crise.

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