Le projet de loi sur le travail du dimanche : Une prime pour les patrons de la grande distribution11/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2106.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le projet de loi sur le travail du dimanche : Une prime pour les patrons de la grande distribution

La loi autorisant l'ouverture dominicale des grandes surfaces devrait être prochainement présentée au Parlement et, pour en faire la promotion, Xavier Bertrand, encore ministre du Travail, et le secrétaire d'État à la Consommation, Luc Chatel, se sont rendus dimanche 7 décembre dans un centre commercial de la région parisienne.

À les en croire, tout le monde y gagnerait : les travailleurs des commerces, qui pourraient ainsi améliorer leurs fins de mois, les commerçants, qui verraient leur chiffre d'affaires augmenter, la hausse pouvant aller jusqu'à 25 %, et la population, qui pourrait tranquillement faire ses courses le dimanche. Et bien sûr, ils mettent en avant la sacro-sainte « liberté du travail », celle déjà invoquée pour reculer l'âge de la retraite jusqu'à soixante-dix ans !

Selon le projet de loi, les magasins pourraient être ouverts le dimanche dans les quatre agglomérations de plus d'un million d'habitants. En ce qui concerne les travailleurs, Xavier Bertrand dit leur offrir des garanties : le salaire serait doublé et le travail dominical dépendrait uniquement du bon vouloir du salarié. « Dès la signature du contrat de travail, le salarié pourra refuser de travailler le dimanche. Sinon, l'employeur sera sanctionné », a-t-il déclaré dans une interview au Parisien. Quand on sait quelle pression le chômage exerce actuellement quand, pour un seul emploi offert, des dizaines de candidats se présentent, comment peut-on croire un instant que le patron d'un commerce embauchera le salarié qui, avant même de commencer, aura déclaré son intention de ne pas travailler les dimanches ?

Mais pour la présidente du Medef, Laurence Parisot, ce « droit de refus » est encore de trop ! Elle y voit « une rigidité de plus dans le droit du travail » et revendique, « en raison de la crise, plus de souplesse et de possibilités d'ajustement », c'est-à-dire des travailleurs disponibles sept jours sur sept pour répondre aux demandes des patrons au moment où ils en ont besoin.

Tel qu'il se présente, ce projet de loi ne répond ni aux attentes des travailleurs, qui veulent toucher un bon salaire tous les jours travaillés, et pas seulement le dimanche, ni à celles de la population qui, avec un pouvoir d'achat en baisse, est au contraire obligée de réduire sa consommation, y compris sur les produits de base. En fait, c'est une prime offerte aux grands de la distribution, pour leur permettre d'accroître leurs profits malgré la crise.

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