Le nombre de césariennes augmente... pas dans le seul intérêt des mamans11/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2106.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le nombre de césariennes augmente... pas dans le seul intérêt des mamans

Une étude menée par la Fédération hospitalière de France dénonce le « boom » du nombre de césariennes, cette technique chirurgicale qui permet la naissance d'un enfant sans passer par les voies naturelles. L'étude révèle qu'un bébé sur cinq naîtrait aujourd'hui à la suite d'une telle intervention, soit deux fois plus qu'il y a vingt ans.

De plus, les césariennes sont pratiquées en bien plus grand nombre dans les cliniques privées que dans les hôpitaux publics. Dans les 559 maternités de l'étude, le taux de césariennes varie de 9,3 % à 43,3 % par exemple pour la clinique privée de la Muette dans le 16e arrondissement de Paris. Or ces maternités sont toutes de niveau 1 (on compte trois niveaux dans ce classement), ce qui signifie qu'elles ne prennent en charge que les accouchements sans risque, et ce boom des césariennes n'est donc pas justifié par des raisons médicales. D'autant plus que cette intervention chirurgicale, bien sûr indispensable dans certaines situations, présente des risques de mortalité maternelle et de problèmes respiratoires plus élevés chez les bébés.

Les responsables de ces maternités l'admettent d'ailleurs volontiers, en expliquant qu'ils ne feraient que répondre aux demandes des mères qui préféreraient ainsi « planifier » la naissance. C'est peut-être vrai, mais les responsables de ces établissements privés y voient surtout l'intérêt de « planifier » le travail de leurs services, car il est plus simple de programmer une césarienne pour les jours à venir que d'accompagner un accouchement naturel sur plusieurs semaines. Et cela permet au passage de réduire le nombre de gardes de nuit ou de week-end, ce qui entre évidemment en ligne de compte. Pour expliquer l'augmentation du nombre des césariennes, un autre médecin explique même que l'augmentation du nombre des grossesses tardives après 35 ans, avec leurs éventuelles complications, est synonyme de procès possibles, qu'une césarienne permettrait d'éviter...

C'est donc très vraisemblablement par des raisons largement économiques que s'explique ce boom des césariennes. Et quand des responsables des hôpitaux privés essayent de se défendre en disant que leurs maternités « n'ont aucun intérêt financier à pratiquer des césariennes puisque cette intervention est sous-rémunérée à hauteur de 347 euros », c'est oublier les dépassements d'honoraires qui peuvent faire de cette intervention chirurgicale une affaire lucrative.

À l'annonce de ces chiffres, le ministère de la Santé a rappelé que les médecins conseils de la Sécurité sociale sont chargés de vérifier la pertinence médicale des césariennes. Mais c'est la même ministre de la Santé, Roselyne Bachelot qui avec son projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoire » aggrave encore la politique d'austérité appliquée à la santé. Et ses protestations hypocrites ne feront pas oublier qu'elle a à son actif la fermeture de nombreuses maternités de proximité jugées justement... non rentables.

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