Le Medef veut baisser les cotisations chômage : Combattre le chômage, pas les chômeurs !11/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2106.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Medef veut baisser les cotisations chômage : Combattre le chômage, pas les chômeurs !

Cela n'a pas de quoi surprendre : pour Laurence Parisot, la présidente des patrons du Medef, « ce que nous voulons absolument et essentiellement, c'est envisager une baisse des cotisations, parce que nous avons aujourd'hui un taux de cotisations sociales quasiment insupportable pour les entreprises ».

Il s'agit même, selon elle, de « l'enjeu numéro un » des récentes rencontres avec les directions syndicales au sujet de l'assurance chômage. Il faut « baisser les cotisations, a-t-elle insisté dans une interview radio, que ce soit pour l'employeur ou pour le salarié », tentant de faire croire que les uns et les autres pourraient avoir des intérêts communs.

À côté de cette revendication patronale, bénéficiant depuis longtemps déjà de l'oreille favorable du gouvernement, le Medef a tenté aussi de faire passer, au cours de la enième réunion dite de « négociations », une importante réduction des durées d'indemnisation des périodes de chômage. Sous couvert de « simplifier les filières » en remplaçant le système actuel de quatre cas correspondant à des durées différentes de cotisation par une filière unique d'indemnisation, le Medef propose en fait un autre calcul. La durée d'indemnisation serait en fait proportionnelle à la durée de cotisation, système qui aurait pour effet de priver d'indemnités plusieurs centaines de milliers de chômeurs. Et même si les patrons parlent d'ouvrir les droits à indemnisation après quatre mois de travail - au lieu de six au minimum actuellement -, l'ensemble reviendrait à diminuer de plusieurs mois l'indemnisation des chômeurs et à faire faire d'importantes économies aux employeurs.

Ces patrons toujours prêts à se plaindre ne participent pourtant que bien partiellement à l'indemnisation d'un chômage qui leur profite exclusivement, en particulier aux plus gros d'entre eux. Ils doivent verser - souvent avec retard - 4,1 % des salaires, alors que les salariés payent eux-mêmes 2,4 % de cotisation. De plus, pour les travailleurs sans emploi qui ne peuvent toucher l'assurance chômage, que leurs droits soient épuisés ou qu'ils ne puissent encore être ouverts, ce sont les deniers publics, et non les patrons, qui financent les prestations versées au titre de la « solidarité » de l'État. En 2007, ce financement représentait 2,6 milliards d'euros, soit l'équivalent de 11 % des sommes versées par l'assurance chômage.

Alors qu'actuellement moins de la moitié des chômeurs se trouvent en partie indemnisés, les patrons trouvent toujours des directions syndicales pour signer des accords aboutissant à aggraver encore la situation des travailleurs privés d'emploi. Mais il n'y a rien à négocier à l'amiable avec un patronat qui, crise ou pas crise, supprime les emplois par dizaines de milliers pour maintenir, et même augmenter ses profits.

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