130 000 à 150 000 intérimaires jetés à la rue en 2008, voilà le bilan des patrons de l'intérim eux-mêmes. À la suite de son enquête trimestrielle auprès de mille employeurs qu'il vient de rendre publique, Manpower, l'un des géants mondiaux de la branche, dit s'attendre à une diminution accélérée du nombre d'emplois dans toutes les branches professionnelles, et en premier dans l'intérim, au premier trimestre 2009.

Ce recul devrait être de six points, selon cette enquête. Déjà le recul de l'emploi intérimaire s'établirait à 19,4 % au niveau national sur les onze premiers mois de 2008, avec des pointes dépassant les 25 % dans certaines régions.

Le nombre total des intérimaires à plein temps était de 650 000 au début 2008. Ce sont eux qui ont été les premiers jetés à la rue, du jour au lendemain, sans procédures, souvent prévenus le jour même pour « éviter les vagues », comme disent les patrons. C'était souvent aux mêmes intérimaires que l'on demandait en premier les sacrifices, l'accélération des rythmes de travail, les heures supplémentaires non payées, parfois même avec des brimades en plus, tout en faisant miroiter une embauche qui ne venait jamais.

Ce sont autant de femmes et d'hommes, souvent jeunes, qui ne comptent pas dans les statistiques des patrons, pour qui cette main-d'oeuvre n'est autre qu'une « variable d'ajustement ». Leur condition précaire est celle que le patronat voudrait imposer à tous. Mais ces centaines de milliers de travailleurs, à qui les patrons sont en train d'enlever leurs moyens d'existence, demanderont tôt ou tard des comptes aux licencieurs patentés. Ce sera un juste retour des choses.