Ventes d'armes à l'Angola : Un procès qui tombe mal pour le gouvernement10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ventes d'armes à l'Angola : Un procès qui tombe mal pour le gouvernement

Le 6 octobre a débuté à Paris le procès de l'Angolagate, nom donné au trafic d'armes organisé de 1993 à 2000 par l'homme d'affaires, disons plus précisément le trafiquant, Pierre Falcone affublé de quelques complices de haut rang, à destination de l'Angola, alors en pleine guerre civile.

Quarante-deux personnes sont jugées pour avoir profité des largesses de Falcone. Parmi elles figurent des personnages politiques de droite et de gauche : Jacques Attali, Jean-Christophe Mitterrand (le fils de François), Charles Pasqua, etc. En 1993, Édouard Balladur était Premier ministre, François Mitterrand président et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères. Charles Pasqua était ministre de l'Intérieur et aurait bénéficié de plusieurs centaines de milliers d'euros en contrepartie de ses bons offices. Le montant des ventes de chars, de canons, d'obus, de mitrailleuses et de mines en provenance de et à destination de l'Angola a été chiffré à 501 millions d'euros.

Le procès, prévu pour durer plusieurs mois, donnera sans doute lieu à quelques révélations et des coups de théâtre. Mais son ouverture ne suscite guère d'enthousiasme du côté du gouvernement. Ainsi Hervé Morin, l'actuel ministre de la Défense, avait écrit en juillet 2008 aux avocats de Pierre Falcone que, les armes n'ayant pas transité par la France, les poursuites pour « vente illicite d'armes » ne pouvaient être retenues contre leur client, grand ami du président angolais Dos Santos. En mai dernier Sarkozy s'était rendu en Angola, à la satisfaction des nombreux dirigeants d'entreprises qui l'accompagnaient. Thalès avait signé un contrat de 140 millions d'euros visant à fournir au gouvernement un système de télécommunications civiles et militaires. Total, déjà présent sur place, espère d'ici deux ou trois ans devenir le principal opérateur pétrolier de ce pays, qui est le troisième producteur de pétrole en Afrique et, depuis avril 2008, le premier exportateur pétrolier du continent. Les réserves en gaz de l'Angola suscitent aussi les convoitises des entreprises. Bolloré, l'un des milliardaires amis de Sarkozy, se prépare à jeter son dévolu sur la modernisation et la gestion du port de Luanda. Quant à la Société Générale, elle a accordé aux autorités angolaises un crédit de 300 millions de dollars destinés au financement des échanges entre les deux pays.

Avec de telles promesses inscrites dans le carnet du voyageur de commerce Sarkozy, il n'est pas étonnant que celui-ci ait alors annoncé sa volonté de tourner la page de l'Angolagate, qualifié de « malentendu du passé ».

La priorité du gouvernement français n'est donc pas de régler de vieilles querelles qui à ses yeux apparaissent comme des broutilles, mais d'assurer aux entreprises françaises une part dans le pillage des richesses de l'Angola. D'où l'embarras qu'il manifeste.

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