Service minimum à l'école : Un maximum de démagogie10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Service minimum à l'école : Un maximum de démagogie

Le mardi 7 octobre, journée de mobilisation de nombreux salariés, dont ceux de l'Éducation nationale, était aussi une première pour l'application de la loi obligeant les enseignants des écoles à se déclarer grévistes 48 heures à l'avance, et les municipalités à organiser un « service minimum d'accueil » pour les enfants.

De fait, aux termes de cette loi adoptée au mois d'août, les communes sont tenues de prévoir ce « service minimum » dans les cas où la prévision d'enseignants grévistes serait d'au moins 25 %. Elles sont censées recruter à cette fin des animateurs rémunérés grâce aux sommes non versées aux grévistes.

Un certain nombre de communes, gérées par des élus de gauche, ont d'emblée déclaré n'avoir pas l'intention d'organiser de service d'accueil, refusant, par exemple, comme à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, « d'être complices d'un gouvernement qui remet en cause le droit de grève et la qualité même du service public de l'Éducation nationale », ou déclarant, comme à Louvroil (Nord) que « la grève est pleinement justifiée et [que] le gouvernement ferait mieux d'écouter les enseignants et leurs syndicats plutôt que de poursuivre le démantèlement de l'Éducation ». En Seine-Saint-Denis, d'ailleurs, c'est en bloc que les maires des communes de gauche ont refusé de se plier aux consignes gouvernementales, de même qu'à Saint-Nazaire ou à Toulouse ; dans cette ville, le maire PS a évoqué des problèmes de sécurité en cas d'encadrement insuffisant. Et si, à Paris, Bertrand Delanoë a fini par céder, à Lille, Martine Aubry a déclaré respecter la loi tout en la jugeant « inapplicable » par défaut de « gens formés ».

« C'est très bien de vouloir nuire au gouvernement », a contre-attaqué le ministre Darcos, « mais il faudra vous expliquer auprès des familles ». En revanche, il n'éprouve pas ce besoin s'agissant des 11 800 postes d'enseignants barrés d'un trait de plume lors de cette rentrée scolaire, ni aux milliers d'autres qu'il prévoit de supprimer aux prochaines rentrées. Il ne se donne pas plus la peine de justifier, par exemple, la disparition des petits groupes de travail pour les collégiens, ou celle de nombreuses options pour les lycéens, ni même les élèves en attente de professeur ou les fermetures de classes. La dégradation des conditions d'étude n'est qu'un détail pour ce ministre dont le seul objectif réel est d'appliquer la politique sarkozienne d'économies sur les services publics.

Que Darcos ait au passage, avec son « service minimum » à l'école, tenté de dresser par la démagogie certains parents contre les enseignants grévistes, c'est dans l'ordre des choses. Que, dans nombre d'établissements, sa loi n'ait pourtant pas dissuadé des professeurs et des éducateurs, rejoints parfois par des animateurs communaux, de participer aux mobilisations, cela l'est aussi, et heureusement.

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