Sarkozy en guerre contre les « abus » ? Le leurre des parachutes dorés10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy en guerre contre les « abus » ? Le leurre des parachutes dorés

Le gouvernement et le patronat font beaucoup de battage à propos des « parachutes dorés », ces sommes énormes touchées par les dirigeants de grandes entreprises lorsqu'ils quittent leurs fonctions. Le cas du dirigeant de Dexia, dernier prétexte à toute cette agitation, est effectivement choquant : alors que les États français et belge déboursaient 6,4 milliards d'euros pour empêcher la faillite de cette banque, son patron, Alex Miller, réclamait qu'on lui verse 3,7 millions d'euros à titre d'indemnités de départ, avant d'y renoncer.

Sarkozy et Parisot, la dirigeante du Medef, ont donc endossé leur armure de chevaliers blancs pour dénoncer ces pratiques, responsables à les en croire de l'image négative des entreprises. Sarkozy a pris l'initiative, lançant un ultimatum au patronat pour qu'il édifie en trois jours un code de bonne conduite des entreprises.

Ce dernier s'est empressé de s'exécuter et, lundi 5 octobre, le Medef et l'Association française des entreprises privées ont donc présenté le « code de gouvernance » qu'ils demandent aux grands patrons de respecter. Mais les seules nouveautés, par rapport à la pratique actuelle, résident dans le fait que seuls les patrons qui ont « bien » dirigé leur entreprise pourraient prétendre à demander leurs indemnités de départ. Il faudrait aussi que leur départ soit contraint et non volontaire, et que le montant de ce qu'ils touchent ne dépasse pas deux ans de salaire, en incluant toutes les primes, jetons de présence ou stock-options. Comme en général les indemnités que touchent les dirigeants des grandes entreprises tournent autour d'un an de salaire, la menace ne risque pas de les faire frémir. Pas plus que l'autre menace agitée par Parisot : au cas où les entreprises ne respecteraient pas ce code, elles seraient alors obligées de « s'expliquer, à l'égard du Medef, de leurs actionnaires et (quand même) du grand public »... Le gouvernement n'impose donc aucune contrainte aux dirigeants d'entreprise, il leur demande juste de mettre les formes nécessaires pour que les rémunérations qu'ils s'octroient soient moins choquantes.

En fait, par cette pseudo-croisade contre les parachutes dorés, le gouvernement reprend une tactique bien éculée. « L'abus » d'une poignée de dirigeants d'entreprises, certes choquant, n'est encore rien face au scandale de toutes ces grandes banques que l'on renfloue à coups de dizaines, voire de centaines de milliards, aux frais de la population, sous prétexte que leur faillite risquerait d'engloutir tout le système. Un système qu'il est impossible de « moraliser », mais qu'il faut abattre, avant qu'il ait englouti l'économie, et la vie de millions d'hommes sur la planète.

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