L'affaire des frégates de Taïwan : Un non-lieu qui ressemble à un aveu10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'affaire des frégates de Taïwan : Un non-lieu qui ressemble à un aveu

Un non-lieu général a été rendu mercredi 1er octobre dans l'affaire des frégates de Taïwan. La justice déclare ainsi, 17 ans après les faits, qu'elle ne fera rien pour rechercher les bénéficiaires des énormes commissions et rétro-commissions distribuées à l'occasion de ce marché. La raison invoquée est le très pratique « secret défense ».

En 1991, la France avait vendu au gouvernement taïwanais, par le biais de la DCN (Direction des constructions militaires) de Thomson-CSF (devenue Thales), six frégates militaires pour un montant de 2,8 milliards de dollars. À l'occasion de ce contrat, des commissions considérables avaient été versées à des intermédiaires chargés, comme c'est l'habitude, de mettre de l'huile dans les rouages. Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères à l'époque, ainsi qu'Alain Richard, ex-ministre socialiste de la Défense, l'avaient confirmé. Des cadres de Thomson-CSF, des responsables politiques et certains partis politiques français ont pu ainsi bénéficier de ces « rétro-commissions ».

Il aurait été peut-être possible de retrouver la trace de certains bénéficiaires, en consultant les documents fournis aux douanes. Mais tous les ministres des Finances successifs ont catégoriquement refusé de fournir ces pièces à la justice, invoquant le « secret défense ». Le ministre socialiste, Laurent Fabius, en 2001, les chiraquiens Francis Mer en 2002 et Thierry Breton en 2006 ont ainsi délibérément bloqué toutes les recherches des bénéficiaires.

Certains noms ont été cités à plusieurs reprises dans les nombreuses ramifications de l'enquête : Alfred Sirven, par exemple, aujourd'hui décédé, mis en cause dans les affaires d'Elf-Total, aurait ainsi tenté d'infléchir la position du ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, hostile à la vente à Taïwan, par le biais de sa protégée Christine Deviers-Joncour.

L'inculpation de Villepin est également une conséquence de cette affaire, car les faux listings de Clearstream étaient censés dévoiler les identités des bénéficiaires de ces rétro-commissions.

Il faut rappeler aussi qu'au moins deux protagonistes sont tombés malencontreusement par la fenêtre de leur appartement : un ex-agent des services secrets français à Taïwan en 2000, et un cadre de Thomson, négociateur du contrat, en 2001. Suicides, avait conclu la justice. Plusieurs militaires de Taïwan ont été assassinés. Un homme d'affaires, Wang, est poursuivi pour ces meurtres. Dans les comptes suisses de cet intermédiaire, on a retrouvé 500 millions de dollars provenant du fameux contrat, mais la justice suisse refuse de fouiller plus avant. Comme aujourd'hui la justice française.

Circulez, il n'y a rien à voir !

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