Islande : Modèle ou épouvantail ?10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Islande : Modèle ou épouvantail ?

L'Islande, du fait de sa petite taille et des grandes facilités qu'elle accordait à ses banques, semble avoir pris quelques semaines ou quelques jours d'avance sur les autres pays capitalistes. Son gouvernement vient en effet d'être obligé de prendre le contrôle total des banques et de demander des secours d'urgence pour que la monnaie islandaise garde quelque valeur sur le marché international.

Pourtant, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes financiers possible. Grâce à une « dérégulation » totale du système bancaire, les banques islandaises pouvaient emprunter des capitaux sur le marché international sans commune mesure non seulement avec leurs fonds propres, mais même avec la richesse réelle du pays. Au point qu'aujourd'hui la dette de l'Islande représente dix fois ce que tout le pays produit en un an. Et encore, dans cette « production » annuelle, il y a trente pour cent de revenus financiers qui ne sont plus maintenant que du vent.

Les banques se servaient de ces capitaux pour financer des rachats d'entreprises à l'étranger par des patrons qui étaient aussi, bien évidemment, les principaux actionnaires des banques en question. Les financiers islandais avaient aussi monté des banques de détail, spécialement en Grande-Bretagne où 300 000 déposants viennent d'être prévenus que leurs comptes sur ces deux banques étaient « temporairement » suspendus. La faillite des trois banques islandaises, à la hauteur de leurs spéculations, risque d'entraîner tout le pays à la ruine.

C'est l'exemple, en petit, de ce qu'aujourd'hui les dirigeants politiques appellent les « dérives du capitalisme financier ». Mais ils n'ont pas toujours dit ça !

En 2006, une mission de trois sénateurs UMP était revenue d'Islande en vantant « le miracle économique islandais » dû à la dérégulation du système financier, à l'importance des fonds de pension, à la privatisation totale de tous les services, etc. Les trois voyageurs se félicitaient même du fait que l'Islande, dont la production matérielle est forcément limitée, doive trente pour cent de sa richesse nationale à la finance ! Le ministère des Affaires étrangères français, dans sa présentation du pays, chante même encore à ce jour les louanges de la politique financière islandaise et de ses opportunités...

S'il y a un asile d'aliénés près de Reykjavik, on espère qu'il a gardé quelques places pour les fous dangereux qui nous gouvernent.

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