Allemagne : Explosion du travail précaire10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Explosion du travail précaire

et des bas salaires

Alors que le gouvernement allemand se vante, depuis des mois, du recul du nombre de chômeurs officiellement recensés (l'Agence pour le travail comptabilisait en août 3,2 millions de chômeurs), l'Institut fédéral des statistiques, l'équivalent de l'Insee, a publié courant septembre des chiffres significatifs sur l'évolution de l'emploi dans le pays.

Entre 1997 et 2007, le nombre de « relations de travail normales » (c'est-à-dire d'emplois à durée indéterminée, à plein temps et assujettis aux cotisations sociales) est passé de 28,7 à 30,2 millions. Mais au cours de la même période le nombre de personnes relevant de « formes d'emploi atypiques » est passé de 2,6 à 7,7 millions ! Ce terme recoupe les contrats à durée déterminée, ceux à temps partiel, le travail intérimaire ainsi que les formes de pseudo-« travail indépendant » qui se sont beaucoup développées au cours de la période récente.

Ces chiffres traduisent une augmentation considérable de la précarité, et au-delà une aggravation importante des conditions de vie et de travail d'une grande partie de la classe ouvrière. C'est ce que confirme une enquête de la fondation Hans Böckler, liée à la centrale syndicale DGB, qui constate que l'essor économique des trois dernières années a profité essentiellement aux entreprises, dont les profits ont explosé (+ 25 %), et aux possédants. Les salaires réels nets en revanche ont baissé en moyenne de 3,5 % sur cette période. C'est même la première fois qu'il y a un recul des salaires dans une période de croissance économique. Une autre étude, réalisée par des chercheurs de l'université de Duisburg-Essen, révèle qu'en l'espace d'une décennie (1995-2006) le quart des salariés disposant des revenus les plus faibles a vu son salaire brut réel chuter de 14 % ! Et bien des travailleurs ont aujourd'hui des difficultés à s'en sortir, même avec un travail à plein temps.

Voilà, sur le plan social, le résultat de la dernière décennie, au cours de laquelle la social-démocratie a été au pouvoir sans interruption, seule d'abord puis avec la droite, et pendant laquelle elle a multiplié les attaques contre le monde du travail et permis au patronat de généraliser la précarité. Ce qui fait que l'Allemagne est aujourd'hui le pays d'Europe où le secteur des bas salaires est le plus développé. Et tout cela risque de s'aggraver dans la période qui vient, avec les conséquences de la crise financière que le ministre (social-démocrate) des Finances Peer Steinbrück, dans un discours prononcé le 25 septembre au Bundestag, a annoncées en déclarant que le pays devait s'attendre à une dégradation du marché du travail.

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