Afrique, Caraïbes, Pacifique : Les populations des pays pauvres, premières victimes de la crise10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique, Caraïbes, Pacifique : Les populations des pays pauvres, premières victimes de la crise

Réunis à Accra, capitale du Ghana, pour leur sixième sommet, les 2 et 3 octobre, les dirigeants du Groupe des États d'Afrique, Caraïbes, Pacifique (ACP) s'inquiètent de la réduction des aides et des investissements européens en direction de leurs pays, craignant de payer les premiers les pots cassés de la crise. En fait cela fait des années que les populations de la zone ACP, qui compte 700 millions d'habitants, subissent une crise latente, survivent dans la misère, quand ils ne se révoltent pas pour protester contre la flambée des prix alimentaires comme au printemps dernier.

79 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont signé des accords commerciaux et un programme de coopération avec les 27 États de l'Union européenne. Ces pays peuvent ainsi bénéficier de préférences tarifaires pour exporter leurs marchandises en Europe. Mais ces accords profitent surtout aux trusts européens, notamment français, qui exploitent les richesses de ces pays et les inondent de leurs produits fabriqués.

L'aide publique au développement versée par les pays riches aux pays pauvres est certes en constante diminution : elle a baissé de 4,7 % en 2006, et de 8,4 % en 2008. Mais de toute façon elle ne bénéficie guère à la population pauvre. Une part importante des sommes allouées sont détournées au profit des mafias gouvernementales, tandis qu'une autre contribue à renflouer les banques occidentales au titre du remboursement de la dette. Et quand les dirigeants des pays ACP, dont bon nombre sont des dictateurs comme le Soudanais Omar El Bechir, se plaignent de cette baisse, ils expriment surtout les craintes des classes dirigeantes locales qui, avec la réduction de l'aide, appréhendent surtout la baisse de leur train de vie personnel.

Car le sort des masses pauvres qui font depuis des années les frais de la crise n'intéresse ni les uns ni les autres. Au printemps dernier, les hausses spectaculaires des denrées alimentaires de base (huile, sucre, riz, farine) et du prix de l'énergie, avaient provoqué des émeutes, parfois sanglantes et violemment réprimées en Afrique, à Dakar au Sénégal, au Caire en Egypte, comme en Haïti et dans les Caraïbes. Elles n'avaient eu pour réponse que les discours hypocrites habituels des dirigeants des grandes puissances et des organismes internationaux.

Aujourd'hui, des millions de personnes sont sous-alimentées, pas seulement dans la zone ACP mais dans le monde entier : la misère touche tous les pays pauvres de la planète. Avec la flambée des prix alimentaires, 55 millions d'enfants dans le monde souffrent aujourd'hui de malnutrition aiguë et sont en danger de mort. Selon Action contre la faim, trois milliards de dollars annuels permettraient de faire reculer la malnutrition de façon significative à l'échelle de la planète. Cependant pas un seul État n'envisage d'en débourser une partie un tant soit peu significative. Les 20 millions d'aides supplémentaires promis à l'Afrique, après les émeutes de la faim du printemps dernier, n'ont toujours pas été débloqués !

Cela est à mettre en rapport avec les centaines de milliards de dollars trouvés en un clin d'oeil, aux États-Unis comme en Europe, pour sauver les banques et les spéculateurs. Ce qui montre à quel point on vit vraiment dans une société pourrie.

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