Achat de 30 000 logements par l'État : Sarkozy a des idées... pour les promoteurs10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Achat de 30 000 logements par l'État : Sarkozy a des idées... pour les promoteurs

La dernière trouvaille de Sarkozy, sous prétexte d'aider à la construction de logements, a été l'annonce que l'État allait acheter aux promoteurs plus de 30 000 logements. Les logements en question ont bien été réalisés sur plan, les terrains acquis, les marchés avec les entreprises du bâtiment passés, mais les ventes peinent à se réaliser et les promoteurs préfèrent alors ne pas construire plutôt que de se retrouver avec la moitié - ou plus - de leurs immeubles vides, sans acquéreurs. Qu'à cela ne tienne, le gouvernement vole à leur secours en achetant ces 30 000 logements, sans aucune garantie ni qu'ils seront vraiment construits un jour, ni non plus qu'il s'agira de logements sociaux.

Avec la crise actuelle, le ralentissement du marché des logements neufs ne peut que s'accentuer et les promoteurs ne cessent de se plaindre : en 2008, moins de 400 000 logements neufs ont été vendus, contre plus de 500 000 les années précédentes. Dans ce contexte, le président de la Fédération nationale des promoteurs-constructeurs, c'est bien le moins qu'il pouvait faire, s'est félicité de l'engagement de Sarkozy, qui ne s'accompagne pour eux d'aucune contrainte.

Faisant semblant de se soucier des problèmes de logement des familles, Sarkozy prétend d'une part acheter les 30 000 logements à des prix « décotés ». Mais on sait que les promoteurs n'accepteront ni de construire ni de vendre s'il n'y a pas de profit à la clé. Et dans le même temps le gouvernement s'apprête à céder aux promoteurs, à des prix cassés, des terrains appartenant à l'État pour leur permettre de construire ce qu'ils veulent, et en priorité des appartements destinés à une clientèle argentée. En fait, dans un cas comme dans l'autre, ce sont les intérêts des marchands de béton qui sont privilégiés.

Un État qui serait vraiment au service de la population pourrait se servir de l'argent public pour acheter des logements afin de répondre aux besoins de celle-ci. Et surtout il pourrait construire directement, sans passer par des promoteurs qui ne construisent que lorsqu'ils sont assurés de vendre avec profit. Un office public du logement n'aurait comme objectif que de construire pour satisfaire sans délai toutes les demandes de logement correct et à bon marché.

Lucienne PLAIN

Partager