Nos lecteurs écrivent : Le trompe-l'oeil du soutien scolaire18/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2094.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Le trompe-l'oeil du soutien scolaire

Une des nouveautés de cette rentrée scolaire concerne la création de deux heures de " soutien " hebdomadaires dans les classes du primaire, en remplacement des heures de cours du samedi matin. À entendre Darcos, le ministre de l'Éducation nationale, cela permettrait aux élèves ayant des difficultés de se remettre à niveau. Il est évident que certains élèves peuvent avoir besoin d'une aide ponctuelle et personnalisée à un moment ou un autre de leur scolarité et que, c'est le moins qu'on puisse attendre, cette aide doit être apportée gratuitement dans le cadre de l'école publique. Mais faire croire que ce soutien à la sauce Darcos est la solution idéale pour résoudre leurs problèmes est une supercherie.

Pour avoir enseigné dans un lycée professionnel de ZEP, où les moyens supplémentaires en heures d'enseignement étaient souvent affectés à du soutien, j'ai pu constater que, pour la majorité des élèves, ce dernier était plus considéré comme une corvée que comme une aide. Déjà, le fait de devoir rester à l'école quand leurs camarades étaient libres était loin de susciter leur enthousiasme, d'autant plus que, pour des questions d'emploi du temps, ces heures étaient situées en début ou en fin de journée. Or, tous les enseignants sont d'accord pour le constater, ce sont les heures où les élèves sont soit endormis, soit énervés, dans les deux cas assez peu réceptifs à l'acquisition ou l'approfondissement de connaissances. En outre, le fait d'être inscrits à du soutien désigne ces élèves comme " cancres " aux yeux de leurs camarades, ce qui n'est pas pour leur donner confiance dans leurs capacités de progresser. Il manque par ailleurs la dynamique créée par le groupe que constitue une classe, où les faiblesses dans une matière sont compensées par les points forts dans une autre, avec l'émulation qui en découle. À condition que les effectifs ne soient pas trop lourds pour permettre à l'enseignant de repérer rapidement et d'entraîner les élèves les plus faibles.

Et c'est là où il y a tromperie. Car derrière l'image rassurante du soutien se cache en fait une baisse des moyens dans l'Éducation nationale, qui affecte tous les élèves, en premier lieu ceux qui ont plus de difficultés pour suivre. La diminution des heures de cours, qui se fait au détriment de tous, n'aidera pas les plus faibles à progresser. Quant à la baisse du nombre d'enseignants, elle aboutit déjà à " bourrer des classes ", en laissant forcément sur le côté ceux qui ont du mal à suivre.

Si l'école avait les moyens de jouer son rôle, celui de faire acquérir des connaissances aux jeunes et de les faire progresser en s'adaptant au rythme de chacun, le " soutien " se ferait tout naturellement dans le cadre des cours, ou sous une forme plus attractive que ces heures imposées et souvent mal vécues par les élèves. Mais cela supposerait des classes ne dépassant pas vingt élèves, donc des enseignants et des éducateurs en bien plus grand nombre, disponibles pour répondre aux attentes de ceux qui ont des difficultés. C'est-à-dire tout l'inverse de la pseudo-réforme de Darcos.

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