En juin dernier, le groupe finlandais Kemira avait annoncé aux salariés de son site de Pierre-Bénite une réorganisation du travail se traduisant par le passage de 5x8 en 3x8, avec une perte de rémunération allant jusqu'à 500 euros, et plusieurs suppressions d'emplois.

Quelques mois auparavant, Arkema avait vendu une partie de l'usine de Pierre-Bénite à Kemira, avec le transfert des salariés travaillant à ces productions : 24 ouvriers et techniciens au total, dont six intérimaires. À l'annonce de la réorganisation les concernant, ces salariés s'étaient immédiatement mis en grève. Kemira avait dû temporiser et s'était plus ou moins engagé à maintenir les rémunérations. Mais le 25 août, le groupe finlandais a annoncé, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire, des mesures générales pour améliorer la " profitabilité " : près de 1 000 emplois seraient supprimés sur environ 5 500 au niveau mondial.

À Pierre-Bénite, outre le passage en 3x8, Kemira veut supprimer la moitié des postes. Il met fin au contrat des six intérimaires et compte licencier trois salariés ex-Arkema. L'annonce a été faite immédiatement par la direction aux salariés concernés, y compris par téléphone à l'un d'eux, en vacances en Espagne !

La grève a été immédiate, comme cela avait déjà été le cas en juin. Devant cette colère, Kemira a déclaré qu'Arkema n'avait " qu'à reprendre ses trois ex-salariés " licenciés. Deux jours après, Arkema s'est engagé à les reprendre sur Arkema France.

L'an dernier, Arkema s'était servi de Kemira pour son plan social. Cette année, il aide Kemira à réduire les effectifs. Alors le sentiment parmi les travailleurs est que les deux entreprises se rendent service pour service et ne considèrent les salariés que comme une vulgaire marchandise.

Les grévistes, ayant obtenu partiellement satisfaction, ont arrêté la grève. Il n'empêche que les intérimaires restent sur le carreau et que les conditions de travail, déjà lamentables à Kemira, vont encore s'aggraver. Cette partie de ping-pong qu'Arkema et Kemira ont jouée avec les travailleurs est proprement inacceptable !