Les 154 morts de la catastrophe aérienne en Espagne : Course aux profits et complicité des pouvoirs27/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2091.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les 154 morts de la catastrophe aérienne en Espagne : Course aux profits et complicité des pouvoirs

Le crash de l'avion MD 82 de la Spanair à Madrid le 20 août dernier avec ses 154 morts a provoqué un émoi considérable en Espagne et dans le monde, y compris en France. Il apparaît que cet accident n'a rien à voir avec la fatalité, et qu'il met en cause en premier lieu la compagnie concernée, mais aussi bien d'autres compagnies d'aviation, le constructeur et la complicité de fait des États.

L'avion avait ce jour-là de graves dysfonctionnements visibles par tous. C'est sur l'ordre impératif des responsables de la compagnie que l'avion a néanmoins décollé alors que plusieurs passagers réclamaient de descendre. Immédiatement un journal espagnol, El Mundo, a rendu public le témoignage d'un ancien pilote qui dénonçait la politique d'économie à tout prix des dirigeants de cette compagnie.

Quatre jours plus tard, à nouveau, un des avions MD 82 de Spanair a été obligé de se poser en catastrophe.

La seule mesure immédiate n'aura pas été d'arrêter les dirigeants et de leur demander des comptes : non, le gouvernement espagnol s'est contenté d'annoncer... une enquête, que chacun prédit longue et obscure. Quant à l'Europe, rien.

Le danger potentiel de cette série d'avions de la firme Mac Donnell Douglas, contrôlée par Boeing, est connu dans le monde entier de tous les intéressés. Rien que depuis l'année 2000, il y a eu, sans compter le dernier en date, six accidents majeurs ayant provoqué 598 morts. En avril 2008, les autorités de l'aviation civile américaine ont été obligées d'interdire de vol 179 avions de cette série appartenant à la compagnie American Airlines, à cause de défectuosités sur les trains d'atterrissage, provoquant l'annulation de milliers de vols. En juillet dernier, elles ordonnaient la remise en état impérative de 670 autres appareils de cette série, détenus par diverses compagnies, à cause, entre autres, des risques de fractures des ailes et des structures des appareils.

Et si ces avions, incontestablement dangereux, ne sont pas mis au rancart, c'est qu'il en a été produit 1 200 et que ni les compagnies aériennes ni Boeing ne veulent perdre le moindre centime de bénéfices, et qu'en conséquence les États, aux ordres de ces actionnaires, préfèrent fermer les yeux, au moins à moitié.

Et plus généralement, ce sont les économies pratiquées sur l'entretien des avions qui sont en cause. Pour preuve l'accident du Boeing 737 au Kirghistan, quelques jours plus tard, avec 65 morts. On a parlé là de « compagnies voyous », c'est sans doute vrai. Mais Spanair était très bien cotée, elle. Et les économies sur l'entretien des avions ne sont malheureusement pas propres à une ou à quelques « mauvaises » compagnies aériennes. Des milliers de postes d'entretien des avions ont été supprimés dans toutes les grandes compagnies, y compris chez Air France. Sous le couvert d'une « meilleure organisation », on a réduit de façon drastique la fréquence des contrôles et leur intensité. Ces compagnies sont d'abord et avant tout des sources de profits pour leurs actionnaires et elles doivent générer du profit, même si cela met en danger la vie de centaines de passagers, avec la complicité des gouvernements.

Tout cela met en lumière le comportement de tout ce monde-là, et comment pour eux la vie des gens ne vaut pas cher face à la course aux profits qui est leur seule morale.

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