Fruits et légumes : Une braderie qui ne fait pas oublier les hausses27/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2091.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fruits et légumes : Une braderie qui ne fait pas oublier les hausses

Durant trois semaines dans toute la France, tous les vendredis et samedis, les commerces de proximité et les grandes surfaces sont autorisés à vendre des fruits et légumes « au déballage », en dehors de leur magasin (y compris sur les parkings) et à des prix qu'ils peuvent fixer librement.

Ce type de vente, prévu dans la loi et soumis à autorisation du préfet, a été pour l'occasion autorisé par trois ministères, ceux de l'Économie, de l'Agriculture et du Commerce, après une demande d'Interfel, la filière commerciale des fruits et légumes. Il s'agit de « donner un coup de pouce aux producteurs qui sont en surproduction » et ainsi « résorber les montagnes de légumes accumulées depuis le début de l'été ».

Des stocks se sont ainsi accumulés parce que les augmentations de prix avaient dissuadé toute une partie de la population d'acheter des fruits et légumes, devenus des produits de luxe, voire carrément inaccessibles. Selon l'Insee, la hausse annuelle des fruits en juin dernier avait atteint 18 %. Cette hausse de prix n'avait pas profité aux petits producteurs, comme l'a attesté notamment la vente militante directe des producteurs aux consommateurs organisée par le PCF le 21 août à des prix nettement plus bas que dans le commerce. On peut se douter que les capitalistes de la filière commerciale et les grandes surfaces ont été les grands bénéficiaires des hausses, même s'ils ne font évidemment pas de publicité sur le sujet. En tout cas, les trois quarts du chiffre d'affaires des fruits et légumes sont réalisés par les hypermarchés.

Seulement, à force de tirer sur la corde, la demande de fruits et légumes a commencé à s'effondrer durant l'été, phénomène accentué par la baisse du pouvoir d'achat. Selon la Fédération nationale des familles rurales, le budget « fruits et légumes » préconisé par l'Organisation mondiale de la santé représenterait entre 6,3 % et 12,6 % du smic. Et comme il y a des dépenses incompressibles comme le loyer, il n'est pas étonnant qu'il y ait mévente.

Le gouvernement, en autorisant des ventes « au déballage », favorise une opération destinée à écouler des stocks importants tout en empêchant les prix de s'écrouler. Toutes les grandes surfaces ont d'ailleurs répondu présent. Pour les consommateurs, l'intérêt de telles opérations est limité d'autant que la règle du jeu est d'acheter en cagettes et non pas au détail (excepté pour le melon), afin de bénéficier de prix réduits... et en espérant que les fruits se conservent. Quand le gouvernement prétend par ce genre d'initiatives « lutter pour le pouvoir d'achat », ce n'est pas la réalité.

Dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs, il faudrait organiser la production en fonction des besoins de la population, et non en cherchant à préserver un marché organisé pour garantir les marges de la grande distribution.

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