Caucase : Rivalités entre grandes puissances sur le dos des peuples27/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2091.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Caucase : Rivalités entre grandes puissances sur le dos des peuples

Un concert d'indignation est monté des capitales occidentales suite à la décision unilatérale du Kremlin de reconnaître l'indépendance de l'Abkhasie et de l'Ossétie du Sud.

La Russie est accusée de bafouer les grands principes « d'intangibilité des frontières internationalement reconnues ». Et Sarkozy et Kouchner ne sont pas les derniers à monter au créneau pour fustiger les atteintes à l'intégrité de la Géorgie et affirmer qu'ils ne l'accepteront pas. Sarkozy, dont les bons offices tournent au fiasco, a convoqué un sommet européen extraordinaire lundi prochain à Bruxelles. Au moment où l'armée française mène une sale guerre d'occupation en Afghanistan, les déclarations des dirigeants français ne manquent pas de culot. Et puis la Russie ne fait que rendre aux Occidentaux la monnaie de leur pièce pour leur intervention au Kosovo, en violation des frontières « internationalement reconnues » de la Serbie !

La vertueuse indignation des dirigeants occidentaux est d'autant plus hypocrite qu'ils savent bien que toute l'affaire a commencé par une opération militaire de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud, encouragée par les conseillers militaires américains présents en Géorgie. Le Canard enchaîné rapporte d'ailleurs que « selon l'état-major français, ils [des officiers américains] avaient même « conseillé » aux Géorgiens d'attaquer » et qu'« ils avaient mis les mains à la pâte » en réglant les tirs des lance-roquettes. Bref, le président géorgien, assuré de l'aide américaine, a lancé son offensive contre l'Ossétie.

Comment s'étonner que les dirigeants russes aient profité de l'occasion pour infliger une correction au présomptueux Saakachvili qui, au lieu de bénéficier d'un prompt renfort américain, n'a vu arriver que Sarkozy en monsieur bons offices.

Medvedev et Poutine ont ainsi profité de l'occasion qui leur a été offerte sur un plateau de pousser leurs intérêts dans la région, transformant l'Abkhasie et l'Ossétie en zones tampon face à la Géorgie sur le point de rejoindre l'OTAN, et bloquant le port pétrolier de Poti où les chars russes ont remplacé les humvees américains. À force de pousser leurs pions par peuples interposés, les stratèges américains ont fini par susciter une réaction d'envergure destinée à marquer les limites à ne pas dépasser.

Cette crise illustre les rivalités entre grandes puissances pour le partage des zones d'influence, l'implantation de bases militaires, la maîtrise de la production et de l'acheminement du pétrole. Et malgré les déclarations des uns et des autres qui prétendent défendre qui la liberté et la sécurité des peuples, qui leur droit à l'indépendance, les grandes puissances ne défendent que leurs propres intérêts économiques, stratégiques et militaires mais certainement pas les libertés et les droits des peuples, utilisés comme otages quand ce n'est pas comme chair à canon dans les bras de fer qu'elles se livrent.

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