La visite en France du dalaï-lama a bénéficié d'une très importante couverture médiatique.

Non pas en raison de son caractère politique car, bien qu'elle se déroule en pleine période des Jeux olympiques de Pékin et quelques mois après la répression chinoise au Tibet, ni le dalaï-lama ni Sarkozy n'ont voulu heurter la susceptibilité des autorités chinoises en lui donnant ce caractère. Bien qu'il se veuille le chef religieux et politique du Tibet, vivant en exil depuis 1959, le dalaï-lama a donc limité sa tournée à des objectifs religieux.

Cette tournée de celui qui se présente comme le 14e dalaï-lama, réincarnation de ses treize prédécesseurs et, au-delà, de Bouddha lui-même, aurait pu rester un simple fait divers, prêtant à sourire en ce début de 21e siècle. Mais, avec beaucoup de complaisance, comme ils en ont avec tous les chefs religieux si réactionnaires soient-ils, les commentateurs ont présenté cette visite comme un événement pour tous les bouddhistes, en premier lieu pour le million de bouddhistes résidant en France.

Ils oublient de rappeler que le dalaï-lama et les valeurs qu'il défend sont les produits d'un régime théocratique archaïque et réactionnaire qui, avant d'être chassé par le régime de Mao, maintenait le Tibet dans une profonde arriération. Les moines y vivaient en parasites sur le dos de la paysannerie et il fallut attendre le départ en exil du dalaï-lama pour que l'abolition du servage et de l'esclavage soit officialisée. Quant au régime envisagé en cas de retour au pouvoir de celui qui se proclame " le porte-parole libre du peuple tibétain ", la Constitution établie par le gouvernement en exil en donne un aperçu en proclamant l'obligation de la " foi " et de " l'allégeance " à l'égard de " Sa Sainteté le dalaï-lama ". Ça en dit long !